
12 novembre 1652 : Louis XIV déclare son cousin le Grand Condé coupable de lèse-majesté
Fils de Henri II de Bourbon, frère de la duchesse de Longueville et du prince de Conti, arrière-petit-fils du célèbre Louis Ierde Bourbon, tué à la bataille de Jarnac en 1569, le prince de Condé fait d’excellentes études chez les jésuites de Bourges ; il épouse, en 1641, l’une des nièces de Richelieu. Très jeune, il devient la gloire de l’armée française. C’est le type du prince du sang du XVIIe siècle, partagé entre le service du roi et les velléités d’indépendance de la haute aristocratie. Tout jeune, il devient le héros de Rocroi le 19 mai 1643, date décisive, qui met fin à l’invincibilité des terciosespagnols, victoire sanctionnée par la prise de Thionville. Ayant rejoint en 1644 Turenne en Allemagne, Condé bat Mercy à Fribourg, s’empare de Landau et de Mayence, remporte, le 3 août 1644, la victoire de Nördlingen. En 1645, c’est la prise de Dunkerque. S’il échoue devant Lérida en Espagne en 1647, il bat, l’année suivante, l’archiduc Léopold à Lens — victoire qui hâte la conclusion du traité de Westphalie. Dans la seconde période de sa vie, il est, un court moment, du parti de la Cour. Mais irascible et hautain, tranchant et susceptible, il lasse vite toutes les bonnes volontés. Il estime ses services trop peu récompensés par Mazarin. Celui-ci le fait enfermer à Vincennes en 1650, puis, devant la protestation générale, il le fait relâcher en 1651.
Condé prend alors la tête de la Fronde des princes. La Grande Mademoiselle, lui ouvrant les portes de Paris, le sauve lors de la journée du faubourg Saint-Antoine.
Cette nouvelle fronde appelée Fronde des princes se construit autour du tumultueux prince de Condé. Les princes sont arrêtés sur l’ordre de Mazarin, ce qui aboutit à une nouvelle guerre civile, relayée essentiellement dans les provinces (Bordeaux). En 1651, Gondi et Beaufort, chefs de la première fronde, s’allient à la fronde des princes, pour renverser Mazarin. L’appui du duc d’Orléans et une émeute parisienne obligent Mazarin à s’exiler. Le 8 février 1651, la reine et le jeune Louis , agé d’à peine 5 ans en restera traumatisé toutesa vie, essaient de s’enfuir de la capitale mais, alarmés, les Parisiens envahissent le palais royal où loge le roi, désormais prisonnier de la fronde.
portrait de Louis II de Bourbon dit Le Grand Condé
Le 7 septembre 1651, le lit de justice déclare la majorité du roi. Tous les grands du royaume viennent lui rendre hommage, sauf Condé qui, de Guyenne, lève une armée pour marcher sur Paris. Défait, Condé se jette dans Paris qui se soulève devant le retour d’exil de Mazarin. Le pouvoir royal doit de nouveau assiéger Paris. Le deuxième exil de Mazarin, les exactions des troupes de Condé, les troubles populaires et la lassitude à l’égard de la guerre mettent un terme à la fronde, devenue impopulaire : la plupart des grands font leur soumission. Seul, Condé trahit la France pour se mettre au service de l’Espagne, qui avait profité du désordre pour reprendre du terrain en Flandre. L’arrestation et l’exil de Gondi, éternel comploteur, permettent de mettre un terme définitif aux troubles.
Le 12 novembre 1652, Louis XIV déclare coupables du crime de lèse-majesté le prince de Condé, sa sœur la duchesse de Longueville et quelques autres seigneurs coupables d’avoir participé à la Fronde des Princes. C’est seulement après la paix des Pyrénées avec l’Espagne que les proscrits rentreront en grâce auprès du Roi-Soleil.
Revenu à la raison, ne faisant rien à moitié, il devint le plus dévoué et le plus fidèle serviteur de son roi. A la fin de sa vie, ne pouvant plus régner sur les champs de bataille, il régna sur son domaine de Chantilly dont il fit le rival de celui de Versailles. Voulant toujours être le premier, il se montra, comme l’a dit un de ses contemporains, toujours très au-dessus des autres hommes.
Ce général dut ses succès à son élan irrésistible et à d’heureuses inspirations, mais il ne ménageait pas le sang des soldats. Bossuet prononça sur son cercueil une oraison funèbre qui est restée un chef-d’oeuvre du genre. De tous les ouvrages écrits sur ce prince, le plus intéressant est l’Histoire de Louis de Bourbon, par Desormeaux, Paris, 1766-1768.
Commentaires récents