Petit Prince de Paris . Pas celui des livresAh, Paris ! Ses ruelles pavées, ses secrets murmurés à travers les siècles, et ces adresses intemporelles qui semblent défier le temps. Le « Petit Prince de Paris », niché au 12 Rue de Lanneau dans le 5ème arrondissement, est de celles-là. Une invitation à un dîner presse s’est transformée, pour moi, en une véritable immersion dans l’âme de la capitale. Un voyage multisensoriel où chaque pierre, chaque plat, et chaque sourire raconte une histoire.
Le Petit Prince de Paris ou Un Voyage Immersif : Plongée au Cœur du Vieux Paris
Franchir le seuil du « Petit Prince de Paris », c’est comme faire un bond de 1500 ans en arrière, une sensation rare, presque magique. L’extérieur, d’une élégance discrète et raffinée, s’intègre parfaitement au flanc de la montagne Sainte-Geneviève. Nous sommes ici au cœur d’un quartier iconique, à quelques pas du Collège de France, de la Sorbonne et de la Contrescarpe, entourés par l’écrin intemporel des maisons anciennes qui tissent la légende du Vieux Paris. Il suffit de lever les yeux pour sentir le poids de l’histoire, l’écho des pas des générations passées sur ces mêmes pavés.
Et des histoires, ce lieu en a des milliers à conter ! La rue de Lanneau elle-même est un livre ouvert. Construite dès 1185 dans le « clos Bruneau », elle a, au fil des âges, changé de nom, passant de « Fromentel » (altération du « froid mantel » mentionné dans un cartulaire de 1243 sous le nom de vicus qui dicitur Frigidum Mantellum) à « rue du Mont St Hilaire » avant de prendre sa dénomination actuelle en 1880. Ce n’est pas un hasard si cette artère animée fut, en son temps, le foyer de pas moins de quatorze librairies, attirant étudiants, comédiens et gens de lettres. On imagine aisément François Villon, le grand poète de la fin du Moyen Âge, ou des figures comme Estienne et Garamond, venant souper dans ce qui était alors un bistrot-taverne. Déjà à l’époque, la « bonne chère » était de mise, profitant de la proximité des abattoirs de l’ancien frigidarium des thermes de l’Est. Le lieu a toujours eu cette vocation de rassemblement autour de plaisirs gustatifs.
Si le bistrot originel de 1450 a depuis longtemps fermé ses portes, se transformant l’espace d’un instant en hôtel particulier, il renait aujourd’hui de ses cendres, renouant avec son passé glorifié. Cette résurrection, on la doit à Reza, l’âme et le cœur du « Petit Prince ». Il a su capter l’essence médiévale du lieu, la distillant avec finesse dans l’effervescence du 21ème siècle, pour en faire une table gastronomique prisée, ouverte uniquement le soir et fièrement gay friendly. Une adresse où l’histoire se mêle à la modernité, où les échos d’antan rencontrent les saveurs d’aujourd’hui.
L’Accueil Chaleureux et Le Chemin D’un Visionnaire : L’Histoire de Reza
Place réservée -Le Petit prince et cadeau par la môme bijou
Invitée par mon cher Antoine V. Schmidt, qui avait l’art de me mettre l’eau à la bouche sans jamais trop en dire, je pénètre dans le restaurant aux belles proportions. L’accueil est d’emblée chaleureux, professionnel et empreint d’une sincérité qui doit beaucoup à la personnalité de Reza, le propriétaire. Son histoire est en elle-même un roman. Originaire de l’ancien royaume de Perse, il voit le jour à Téhéran, puis, en 1982, la France l’accueille. Il y parachève ses études, s’imprègne de la culture de la Ville Lumière, et découvre une palette de goûts insoupçonnée. Mannequin pour la célèbre agence Ph.One, il ne se contente pas des podiums, mais poursuit en parallèle des études dans l’hôtellerie. C’est là qu’il découvre sa véritable passion : la restauration.
Reza fait ses premières armes au « Petit Prince de Paris » en tant que simple serveur, apprenant chaque recoin de la salle, chaque subtilité du service, avant d’en prendre la direction en 2007. Transformer un restaurant en une institution, telle est l’œuvre de Reza. Sa vision ? Créer un lieu où l’excellence gastronomique rencontre une hospitalité authentique, un espace où chacun se sente bienvenu et valorisé. Son engagement à préserver l’âme historique du lieu tout en y insufflant une vitalité contemporaine est palpable dans chaque détail, des choix décoratifs à l’élaboration de la carte. Le restaurant est bien plus qu’une table ; c’est le reflet de son parcours, de ses valeurs, et de son amour pour Paris et l’art de vivre à la française.
Un Cadre Historique et Néobaroque : Une Alcôve d’Élégance
L’intérieur du « Petit Prince » est une véritable découverte, se déployant sur trois niveaux. Les salles, intimistes et élégantes, invitent à la contemplation. Et quelle surprise ! Au sous-sol, des vestiges fascinants de bains romains et d’une cité gallo-romaine, datant d’environ 170 ans après Jésus-Christ, contemporains de l’empereur Marc Aurèle. Bien que non visitables pour des raisons de sécurité, leur présence confère au lieu une profondeur historique inégalée. On dîne littéralement au-dessus des fondations de l’histoire de Paris !
La décoration, néo-baroque avec des aspirations Second Empire, crée une atmosphère de boudoir secret, luxueux et feutré. Velours chatoyants, boiseries ciselées, miroirs anciens aux dorures patinées et luminaires tamisés plongent les convives dans une ambiance chaleureuse et romantique. On s’attendrait presque à y croiser Nana, riante et échevelée, surgissant d’un roman de Zola. Chaque objet, chaque texture est choisi avec soin pour participer à cette illusion d’un temps suspendu, d’un luxe discret et enveloppant. Loin des frasques tape-à-l’œil, ici, le raffinement est une invitation à la détente et à la confidence.
L’Invitation à Table : Une Philosophie Culinaire Entre Modernité et Terroir
À l’instar de son histoire, qui mêle passé et présent, la carte du restaurant est le reflet de ce savant équilibre entre modernité audacieuse et traditions ancrées. C’est une cuisine qui célèbre le terroir français tout en s’ouvrant aux saveurs d’ailleurs, une dualité culinaire qui prend racine dans la personnalité à la fois opposée et complémentaire des deux chefs, Mathieu Katan-Foroush et Adam Diawa. Leur collaboration est une alchimie réussie, où l’un apporte peut-être la rigueur classique et l’autre une touche d’exotisme ou d’innovation, toujours au service du goût.
Au « Petit Prince de Paris », on ne badine pas avec la fraîcheur et la qualité des produits. C’est une exigence non négociable, qui se lit à travers une carte courte et renouvelée selon les saisons. Ici, seuls les produits frais et de saison sont à l’honneur, garantissant une expérience gustative optimale. Le restaurant n’est pas seulement une table gastronomique de prestige ; il est également reconnu comme « Maître Restaurateur ». Ce label, gage d’excellence, atteste qu’un restaurateur travaille des produits bruts, frais et majoritairement de saison, transformés sur place par une équipe de professionnels. C’est une reconnaissance de l’artisanat culinaire, une promesse de qualité et d’authenticité.
Mais ce qui rend cette adresse encore plus remarquable, ce sont ses prix, somme toute pas si faramineux pour une telle qualité. On y devine la volonté de Reza de rendre accessible un voyage gustatif exceptionnel à toutes les bourses, démocratisant l’accès à une gastronomie d’exception. La clientèle, éclectique, en est la preuve vivante : célébrités et anonymes s’y côtoient dans une ambiance décontractée et respectueuse. Le restaurant se veut ouvert à tous, un véritable lieu de partage et de pluralité.
Une Symphonie d’Entrées : Le Prélude Culinaire
Ce soir-là, nous avons eu le privilège de nous régaler des plats phares, véritables emblèmes de la maison. Les entrées, variées et pensées pour tous les goûts, témoignent de cette volonté d’ouverture, avec des propositions sucrées, salées, et même végétaliennes. Oui, à l’heure où, malgré l’ouverture des esprits, il est encore difficile de trouver des établissements offrant cette option avec la même finesse !
Le Tapas de foie gras maison, délicatement mariné, était une caresse pour le palais. Sa texture fondante contrastait à merveille avec la finesse du magret fumé, l’acidulé subtil de la mangue, le croquant des asperges vertes et le piquant juste ce qu’il faut du radis noir. Une composition équilibrée et inventive. Puis vint le Flan de courgettes et St Jacques, une alliance terre-mer d’une grande douceur. La délicatesse du flan, aérien et parfumé, s’harmonisait avec la tendreté soyeuse des noix de Saint-Jacques, le tout rehaussé par des toasts de pain d’épices, apportant une note chaleureuse et légèrement sucrée qui surprenait agréablement.
Mais l’apothéose des entrées fut sans doute l’Assiette Coin-Coin : la découverte. Imaginez une assiette qui est une ode au Sud-Ouest de la France, le royaume du canard. Mais loin d’une simple déclinaison, le Petit Prince de Paris propose ici une véritable symphonie : une terrine de foie gras onctueuse, des magrets fumés aux saveurs intenses, un carpaccio de magret juste mariné et poêlé aux fruits de saison, offrant un jeu de textures et de températures des plus délectables. Ajoutez à cela des gésiers confits sur salade, et un confit de canard absolument délicieux. Et pour couronner le tout, sur demande, cette farandole peut être servie sans gluten, démontrant l’attention portée aux besoins de chacun. Chaque élément était un petit chef-d’œuvre en soi, et l’ensemble une célébration de ce que le canard a de meilleur à offrir.
Les Plats : Le Cœur du Festin, Une Farandole de Saveurs
La farandole des plats n’a, quant à elle, absolument pas démérité. Si personnellement, j’ai opté pour le plat végétarien, un assortiment de légumes froids et chauds, croquants en bouche à souhait et sublimés par des assaisonnements précis, mes acolytes avaient, eux, préféré des mets plus carnés ou marins.
La Sole entière rôtie à feu doux, à l’huile d’olive et au citron noir, accompagnée de pommes de terre vapeur, fut un succès retentissant. Un poisson aux belles proportions, cuit à la perfection, dont la chair nacrée et délicate se détachait avec facilité. Le citron noir, ingrédient souvent utilisé au Moyen-Orient, apportait une profondeur et une note fumée-acidulée qui relevait le poisson juste ce qu’il fallait, sans jamais masquer sa saveur. Ce n’était pas un simple plat, mais une explosion festive en bouche, une danse délicate entre l’acidulé et l’iodé.
Le menu regorge d’autres délices qui font écho aux grandes traditions de la cuisine française : le Magret de canard à la peau croustillante et à la chair rosée, le Filet de bœuf accompagné de sa sauce béarnaise ou poivre, classique indémodable, ou encore le Carré d’agneau grillé au jus de romarin, dont les arômes herbacés chatouillent les narines avant de ravir le palais. Chaque plat est une promesse tenue, une exécution impeccable des classiques avec cette petite touche d’inventivité qui fait la signature du « Petit Prince ».
Atout saveurs, atout fraîcheur : la carte, à l’instar de la saison des défilés de mode, possède aussi sa « collection » Automne/Hiver & Printemps/Été. Cette dernière, pleine de promesses de légèreté et de couleurs vives, sera à découvrir dès le printemps 2018. Une manière intelligente de garantir la primeur des produits et de renouveler sans cesse l’intérêt des gourmands.
La Douceur Finale : Une Ode aux Desserts
Que les palais amateurs de sucré ne se lamentent point : les desserts du « Petit Prince » sont conçus pour vous emmener sur une véritable montagne russe gustative. L’arrivée des assiettes sonna la fin des conversations animées, laissant place à un silence éloquent, juste entrecoupé de quelques « mmmmhs » et autres « aaaahhhhs » de pure béatitude.
La Tarte aux pommes, fidèle à la tradition mais sublimée, était alléchante à souhait. Sa pâte croustillante, ses pommes fondantes et légèrement compotées, étaient couronnées d’une boule de glace au caramel salé. Le contraste des températures, la douceur de la pomme et la pointe de sel du caramel formaient une symphonie parfaite.
La Crème brûlée, elle, était spectaculaire, tant au niveau visuel qu’olfactif. Sa croûte de sucre caramélisé, d’une finesse exquise, craquait sous la cuillère avec un son presque musical, révélant une crème d’une onctuosité et d’une richesse vanillée incomparables. Un classique exécuté avec une maîtrise rare.
Et puis, il y eut le Délice au pamplemousse, une création plus audacieuse, offrant une explosion de fraîcheur bienvenue après un repas généreux. L’amertume élégante du pamplemousse était magnifiquement équilibrée par des notes sucrées et des textures aériennes, une véritable prouesse d’équilibre et de légèreté qui laissait une empreinte vive et raffinée sur le palais. Chaque dessert était une œuvre d’art, clôturant le repas sur une note de pur enchantement.
Un Lieu de Vie et de Culture : Au-delà de l’Assiette
Mais le « Petit Prince de Paris » ne se contente pas d’être une adresse gastronomique. Il est aussi un lieu ouvert sur son quartier, sur l’art et la culture. L’établissement organise régulièrement des événements : des soirées thématiques, musicales ou cabaret, des vernissages d’artistes « coup de cœur » qui viennent exposer leurs œuvres, transformant ainsi le restaurant en une galerie éphémère.
Le dernier en date fut celui de Jean-Pierre Seo, le 29 octobre, témoignant de cette volonté constante d’animer le lieu et d’offrir une expérience enrichie à sa clientèle. C’est une démarche qui inscrit le restaurant dans une dimension culturelle, en faisant un carrefour d’échanges et de découvertes artistiques.
Conclusion-
Au terme de cette soirée mémorable, mes pensées s’envolent, légères et comblées. Le « Petit Prince de Paris » est bien plus qu’un simple restaurant ; c’est une véritable invitation au voyage. Un voyage dans le temps, grâce à son histoire si riche et poignante. Un voyage culinaire, grâce à une gastronomie inventive, généreuse et savoureuse, qui sait marier l’audace et la tradition. Et un voyage esthétique, grâce à une décoration néo-baroque qui enchante les sens et transporte l’imagination.
Rarement un lieu n’a su réunir avec tant d’harmonie ces éléments de succès : un cadre splendide, empreint de cachet et d’une âme historique profonde ; un personnel souriant, professionnel et d’une attention délicate ; une carte des vins judicieusement élaborée pour accompagner chaque mets ; et surtout, une cuisine qui témoigne d’un amour sincère pour les bons produits et le plaisir de faire plaisir.
Reza et son équipe ont réussi à créer un écrin où chaque convive se sent privilégié, un lieu où la magie opère dès l’instant où l’on y met les pieds. Le « Petit Prince de Paris » n’est pas seulement un restaurant, c’est une expérience, une parenthèse enchantée au cœur de la capitale. Une adresse que l’on quitte avec le sourire aux lèvres, la mémoire des saveurs encore présente, et l’irrésistible envie d’y revenir très vite pour un nouveau chapitre de cette belle histoire parisienne. Un véritable coup de cœur !
Infos pratiques
Le petit Prince de Paris
12 rue de Lanneau 75005 Paris
Tel : 01 43 54 77 26
Email : contact@lepetitprincedeparis.fr
Web : www.lepetitprincedeparis.fr
Nombre de couverts: 100
Menus de 19 à 29 €
Carte de 16 à 34€
Menu enfants : 16€
privatisable sur demande pour vos soirées d’anniversaire ou événements privés.
Sources et Liens Vérifiables :
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12 Rue de Lanneau 75005 Paris » actuelle. : ou
https://www.google.com/maps/place/Le+Petit+Prince+de+Paris/
-
Histoire de la Rue de Lanneau et du Quartier :
- Wikipédia : Des pages comme « Rue de Lanneau » ou « Montagne Sainte-Geneviève » peuvent fournir des détails historiques vérifiables sur la rue, l’ancien nom de « Fromentel », le Clos Bruneau, etc.
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