Olafur Eliasson est l’artiste invité par le château de Versailles de juin à novembre 2016. Le Château de Versailles, avec ses allées majestueuses, ses jardins millimétrés et ses salles dorées, évoque immédiatement la grandeur du Roi Soleil et de l’histoire française. C’est un écrin de classicisme, de symétrie et de magnificence intemporelle.

Mais qu’arrive-t-il lorsque ce temple millénaire rencontre l’audace et la vision avant-gardiste de l’art contemporain ? En 2016, le Château et ses Jardins ont été le théâtre d’une expérience artistique inédite et mémorable : l’exposition d’Olafur Eliasson.

Le Contraste Éloquent : Olafur Eliasson face au Roi Soleil

L’artiste danois-islandais Olafur Eliasson est mondialement reconnu pour ses installations monumentales qui explorent notre perception de la lumière, de l’eau, de l’espace et de l’environnement. Ses œuvres invitent souvent à une immersion sensorielle, questionnant notre rapport au réel et à la nature. Confier Versailles à Eliasson était donc un pari audacieux, une proposition de dialogue entre deux mondes en apparence opposés : le baroque triomphant et l’esthétique contemporaine, souvent plus minimaliste et réflexive.

L’objectif n’était pas de faire table rase du passé, mais de réinterpréter, de superposer des lectures, de faire vibrer le site d’une énergie nouvelle. Eliasson, loin de chercher à concurrencer la splendeur versaillaise, a proposé une conversation respectueuse mais incisive, invitant les visiteurs à voir le patrimoine avec un regard neuf.

Olafur Eliasson Versailles 2016

Olafur Eliasson Versailles 2016

Les Œuvres : Quand l’Eau Défie la Gravité et les Miroirs Brouillent la Réalité

Eliasson a disséminé ses interventions dans le Château et ses immenses jardins, créant un parcours où chaque œuvre était une porte d’entrée vers une perception alternative de Versailles :

  1. La Cascade Monumentale : Sans doute la pièce maîtresse et la plus spectaculaire. Au-dessus du Grand Canal, une gigantesque cascade semblait jaillir du néant, tombant de l’échafaudage invisible d’une grue. Cette chute d’eau artificielle évoquait les prouesses hydrauliques de l’époque du Roi Soleil, mais avec une touche résolument moderne et même un brin surréaliste. Elle rappelait la force indomptable de la nature face à l’ordre contrôlé des jardins, une eau défiant la gravité, se dressant comme un fantôme vaporeux au-dessus des eaux calmes.
  2. Les Brouillards et Reflets des Bosquets : Dans les bosquets labyrinthiques si chers à Le Nôtre, Eliasson a créé des installations miroir et des nuages de brume. Des structures réfléchissantes comme « The Gaze of Versailles » ou « Fog Assembly » déformaient le paysage environnant, invitant le visiteur à se perdre dans les reflets et les illusions optiques. Ces œuvres transformaient les célèbres allées en corridors infinis, où la verdure se multipliait et le ciel semblait se fragmenter. L’expérience immersive poussait à une contemplation active, un questionnement sur notre position dans l’espace.
  3. Lumière et Perception dans le Château : À l’intérieur, les interventions étaient plus subtiles mais tout aussi impactantes. Des sphères lumineuses et des jeux de lumière colorée, comme « Glacial rock flour garden » ou « The Curvaceous Sky », créaient des atmosphères éthérées dans les enfilades royales. Ces œuvres soulignaient l’architecture par des moyens lumineux inattendus, transformant la perception des espaces et offrant des points de vue inédits sur les plafonds peints et les décors
Olafur Eliasson et la cascade de Versailles 2016

Olafur Eliasson et la cascade de Versailles 2016

Olafur Eliasson philosophie et inspiration derrière ses oeuvres.

Olafur Eliasson, jouit d’une reconnaissance internationale, son travail sonde la perception, le mouvement, l’expérience physique, et le sentiment de soi. Il est surtout connu pour ses installations spectaculaires, ainsi la très populaire The weather project (2003) dans le Turbine Hall de la Tate Modern, à Londres, a été vue par plus de deux millions de personnes, ou The New York City Waterfalls (2008), quatre grandes cascades artificielles installées sur les berges de Manhattan et Brooklyn.

Depuis 2008, le Château de Versailles organise chaque année une exposition consacrée à un artiste français ou étranger. Jeff Koons en 2008, Xavier Veilhan en 2009, Takashi Murakami en 2010, Bernar Venet en 2011, Joana Vasconcelos en 2012, Giuseppe Penone en 2013, Lee Ufan en 2014 et Anish Kapoor en 2015 : tous ces artistes ont établi un dialogue original entre leurs œuvres et le Château et les jardins de Versailles.Depuis 2013 c’est Alfred Pacquement qui assure le commissariat de ces expositions.

« Avec Olafur Eliasson, les astres peuvent se rencontrer, l’horizon se dérober, et toutes nos perceptions se brouiller. L’homme des lumières va faire danser les lignes chez le Roi Soleil » déclare Catherine Pégard, présidente du château de Versailles.

Olafur Eliasson ombres et lumières à  Versailles 2016

Olafur Eliasson ombres et lumières à Versailles 2016

« Je suis enthousiasmé de travailler dans un lieu aussi emblématique que Versailles. Le Château et ses Jardins sont si riches de sens et d’histoire, de politique, de rêve, de vision, c’est un défi exaltant de créer une intervention artistique qui modifie le sentiment des visiteurs et offre un point de vue contemporain sur cet héritage fort. Je considère que l’art est un coproducteur du réel, de notre sens du présent, de la société et de l’unité des hommes. C’est très inspirant d’avoir à travers l’art l’opportunité de coproduire la perception actuelle de Versailles » explique Olafur Eliasson.

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Olafur Eliasson Biographie et oeuvres.

Olafur Eliasson a eu en France un certain nombre d’expositions importantes, de Chaque matin je me sens différent, chaque soir je me sens le même (2002), au Musée d’art moderne de la ville de Paris, à Contact (2014), la première exposition monographique organisée dans la toute nouvelle Fondation Louis Vuitton, où Eliasson a également créé l’installation permanente Inside the horizon (2014). A l’occasion de la COP21 Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques qui s’est tenue à Paris en décembre 2015, Eliasson a rendu les changements climatiques palpables avec Ice Watch, douze énormes fragments de glacier Groenlandais, formant une horloge éphémère sur la Place du Panthéon.

En 2012, Olafur Eliasson et l’ingénieur Frederik Ottesen conçoivent Little Sun, une lampe à énergie solaire et fondent la structure éponyme. Entreprise sociale, ce projet international vise à fournir une lumière propre et bon marché aux populations dépourvues de l’accès à l’électricité à travers le monde, il encourage le développement durable et sensibilise au nécessaire accès de tous à l’énergie et à la lumière. Début janvier à Davos, Eliasson a reçu le prestigieux WEF Crystal Award pour «œuvrer à l’intégration de toutes les communautés » – un hommage au travail accompli avec Little Sun.

De 2009 à 2014, Eliasson a dirigé l’Institut für Raumexperimente (Institut pour les expériences spatiales), un modèle novateur d’éducation artistique rattaché à l’université des arts de Berlin. Les archives des activités de l’Institut sont disponibles sur Internet.
En 2014, avec l’architecte Sebastian Behmann, Eliasson crée Studio Other Spaces, un bureau international pour l’art et l’architecture. Pendant du Studio Olafur Eliasson pour l’architecture, Studio Other Spaces se consacre à des projets de constructions interdisciplinaires et expérimentales et à des œuvres dans l’espace public.

Fondé en 1995, le studio Eliasson emploie aujourd’hui quatre-vingt dix personnes : artisans, techniciens spécialisés, architectes, archivistes, administrateurs et cuisiniers. Ils travaillent avec Eliasson au développement et à la production d’œuvres et d’expositions, mais aussi à l’archivage et à la communication sur son travail, tant sous forme numérique que sur support papier. Outre la réalisation d’œuvres sur place, le studio engage des ingénieurs ou autres spécialistes et collabore avec des opérateurs culturels, des décideurs, et des scientifiques dans le monde entier.

Olafur Eliasson jeux de miroirs à  Versailles 2016

Olafur Eliasson jeux de miroirs à Versailles 2016

En conclusion

Un Dialogue entre Époques et une Réflexion sur l’Environnement

L’exposition d’Olafur Eliasson à Versailles n’était pas qu’une simple juxtaposition d’œuvres contemporaines dans un cadre historique. C’était un véritable dialogue, une conversation entre les siècles. Les jardins de Le Nôtre, chefs-d’œuvre de la domestication de la nature, rencontraient l’art d’Eliasson qui, lui aussi, joue avec les éléments naturels mais pour en révéler la puissance et l’éphémère.

L’artiste nous a invités à réfléchir sur notre relation à l’environnement, à l’eau comme ressource précieuse, à la lumière comme source de vie et de perception. En plaçant une cascade artificielle au cœur d’un paysage où l’eau est si savamment orchestrée, il a interrogé la notion de « naturel » et d' »artificiel », des thèmes qui résonnent avec acuité dans notre ère de défis écologiques.

L’Héritage d’une Expérience Mémorable

L’exposition Eliasson à Versailles restera gravée comme un moment fort de l’histoire de l’art et du patrimoine. Elle a brillamment démontré que le passé et le présent peuvent non seulement coexister, mais aussi s’enrichir mutuellement, offrant de nouvelles perspectives aux visiteurs. En invitant la lumière, l’eau et la réflexion au cœur de ce monument d’histoire, Eliasson nous a offert une expérience immersive, nous incitant à réévaluer non seulement Versailles, mais aussi notre propre place dans le monde, face à la nature et face à l’art. Une inspiration qui, bien après la disparition des installations, continue de faire jaillir la réflexion.

Sources officielles principales :

Site officiel du Château de Versailles :

Site officiel de l’artiste :

Sources médiatiques spécialisées :

Artsy (critique d’art) :

Dezeen (architecture et design) :

Designboom :

Wallpaper Magazine :

Détails des œuvres principales :

Les trois installations dans les jardins :

Les œuvres dans le château :

Sources critiques et analyse :

It’s Nice That :

Tribune de Louveciennes (analyse critique) :

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Written by Angie

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