L’histoire aime les figures glorieuses, les conquérants et les mécènes flamboyants. Mais elle réserve aussi une place fascinante à ceux qui, par leur singularité, brisent les codes de leur temps. Dans le panthéon des personnages atypiques, Giovan Gastone di Medici, dernier Grand-Duc de Toscane, occupe une place à part. Bien loin de l’image d’épique de ses ancêtres comme Laurent le Magnifique ou Cosme l’Ancien, son règne fut une tragédie personnelle et la chronique annoncée d’un déclin. 

Giovan Gastone Di Medici: Le dernier des Médii,  grand-duc de Toscane (1671-1737) était le fils de Cosimo III de Médicis. En tant que jeune, il s’est montré prometteur et a acquis une réputation d’apprentissage allant d’études antiquaires à un intérêt pour les travaux du mathématicien Leibniz. Dans le même temps, cependant, il était sujet à des crises d’hypochondrie et a progressivement sombré dans une vie dissolue et d’ivresse.

Plongeons dans la vie de cet homme qui hérita d’un trône qu’il ne désirait pas et d’une dynastie qu’il ne put sauver 

La dynastie Di Medici : Le Contexte Historique, un Déclin Inéluctable

Pour comprendre Giovan Gastone, il faut saisir l’état de la famille des Médicis au tournant du XVIIIe siècle. La puissance financière et politique qui avait fait la gloire de Florence n’est plus qu’un souvenir. La Toscane est devenue une province secondaire dans le jeu des grandes puissances européennes. Son père, Cosme III, est un souverain bigot et ultra-conservateur, régnant d’une main de fer pendant un demi-siècle et vidant les caisses de l’État pour financer ses dévotions. L’atmosphère à la cour est étouffante, marquée par une religiosité obsessionnelle. C’est dans ce contexte de déliquescence que grandit le jeune Gastone.

Une Jeunesse Contrainte et une Personnalité Libre

Dernier fils de Cosme III, Giovan Gastone n’était pas destiné à régner. Cette place revenait à son frère aîné, Ferdinando. Libéré de la pression de la succession, Gastone put cultiver son esprit. C’était un intellectuel, un érudit passionné de botanique et de sciences, un homme doux et sensible qui préférait la compagnie des livres et des savants à celle des courtisans. Son homosexualité, à une époque où elle était réprimée, faisait également de lui un être en décalage complet avec l’hypocrisie de sa famille. Contraint à un mariage de convenance avec Anna Maria Franziska von Sachsen-Lauenburg, une princesse allemande réputée pour son caractère impossible, il vécut une union catastrophique et sans héritier qui le poussa à fuir dans les excès.

Buste de Giovan Gastone di Medici (r. 1723-37) sur la façade de l'Ospedale di Santa Maria Nuova, œuvre du sculpteur Antonio Montauti (1685-1740).

Buste de Giovan Gastone di Medici (r. 1723-37) sur la façade de l’Ospedale di Santa Maria Nuova, œuvre du sculpteur Antonio Montauti (1685-1740).

Giovan Gastone di Medici: une union malheureuse

Cela semble en partie être dû à son mariage malheureux, célébré à Düsseldorf le 2 juillet 1697, à Anna Maria de Saxe-Lauenburg, , ce qui l’a obligé à s’absenter de Florence et à s’installer à Reichstadt, puis à Prague. Fou de mélancolie, Gian Gastone supplie sa femme de pouvoir rentrer à Florence et, refusant de le faire, se lance dans une vie plutôt solitaire et maudite, caractérisée par des débordements de plus en plus fréquents.

Son principal complice à cet égard était le charismatique, charmant et beau Giuliano Dami. Paysan de naissance, Dami s’est néanmoins distingué avec Gian Gastone, qui avait été séduit par le regard du jeune homme alors qu’il vivait à Florence. Accompagné de Dami et d’un groupe d’assistants, en 1699, Gian Gastone s’échappa de sa prison éloignée de Reichstadt et se rendit à Prague.

Cette escapade est bien décrite dans un mémoire du règne de Gastone, conservé à la bibliothèque de la Biblioteca Moreniana à Florence et traduit par l’historien Sir Harold Acton: «Il y avait à Prague de très nombreux étudiants frais, bohémiens et allemands au menton lisse, tellement impécunieux que certains jours, ils erraient mendiant de porte en porte. Dans cette vaste réserve, Giuliano pourrait toujours chasser le gibier amoureux et présenter un nouveau et beau morceau au Prince .

Gian Gastone di Medici, grand-duc de Toscane (1671-1737)

Giovan Gastone di Médici Grand-Duc de Toscane (1671-1737)

Giovan Gastone di Médici Grand-Duc de Toscane (1671-1737)

N’étant pas destiné au pouvoir, Giovan Gastone fut élevé à l’écart des affaires de l’Etat. En raison de l’indifférence qu’il inspirait aux ministres, l’endoctrinement politique lui fut épargné. Aussi se distinguait-il par une rare liberté d’esprit. Les courtisans la jugeaient excessive. Les efforts de son père pour maintenir le grand-duché dans le concert des puissances européennes lui semblaient une lutte vaine contre le déclin inévitable de la Toscane.

En face des trois grands souverains qui se disputaient la suprématie sur le continent, l’empereur Léopold à Vienne, le roi Louis XIV à Paris et le roi Charles II à Madrid, les Médicis, à la tête d’une principauté minuscule et appauvrie, n’avaient d’autre recours, pour la sauver de leur convoitise, que de s’appuyer sur l’un des trois, quittes à mécontenter les deux autres.

A peri-wigged man is resplendent in gold, ermine-fringed coronation robes. The man holds the royal sceptre of Tuscany in his right hand; at the same time clenching the royal crown. The cross of the order of Saint Stephen Pope and Martyr adorns his neck. The Cathedral of Santa Maria del Fiore lies crumbling against a dark sky outside the window.

Giovan Gastone : Le Règne du « Dernier des Médicis »

La mort de son frère aîné en 1713 fait de lui l’héritier malgré lui. Il succède à son père en 1723 et devient le dernier des Médicis à monter sur le trône. Alors que tous espèrent un renouveau, le règne de Giovan Gastone est tout sauf conventionnel. Écœuré par l’étiquette et les intrigues de palais, il laisse l’administration du grand-duché à ses ministres compétents, dont le Giuliano Dami, qui tenta courageusement de réformer les finances et la justice.

Le nouveau Grand-Duc, lui, se retire dans ses appartements, s’entourant de favoris (le célèbre « Ruspanti ») et sombrant dans l’alcoolisme chronique pour fuir une réalité qu’il abhorrait. Paradoxalement, cette « non-gouvernance » fut plutôt bénéfique : en mettant fin à l’Inquisition fanatique de son père et en allégeant le fardeau fiscal, il offrit à la Toscane une période de paix relative et de tolérance retrouvée. Son amour pour les arts perdura, même si les fonds manquaient pour de grands projets.

Govian Gastone Di Medici contre les intrigues de cour.

Il rentre à Florence en 1708 et, à la mort de son frère, Ferdinando, en 1713, doit se préparer à la succession dix ans plus tard . En tant que grand-duc, Gian Gastone a abrogé une grande partie de la législation imposée par son père pour contrôler la moralité populaire et assoupli la censure littéraire, alors que ses nominations politiques visaient à réduire l’influence de l’église dans son État.


Au sud, Naples était à Charles II. A l’ouest, Cosimo III pouvait craindre que Marguerite-Louise ne réussit à persuader son cousin de la venger par quelque expédition punitive. La flotte française eût débarqué à Livourne sans tirer un coup de canon. Du nord, cependant, pesait la plus lourde menace. La branche espagnole des Habsbourg possédait la Lombardie, et l’Autriche, sans même avoir à chercher un prétexte, aurait volontiers étendu ses domaines dans la péninsule.

N’était-ce pas Charles Quint qui avait chassé les républicains de Florence, confié le trône à Alexandre de Médicis, marié celui-ci à sa fille naturelle et transformé la Toscane en duché héréditaire ? Charles Quint encore qui, après l’assassinat d’Alexandre, avait confirmé l’élection de Cosimo Ier par le Sénat florentin ? Vienne, à tout moment, pouvait réclamer la Toscane, que les Habsbourg considéraient comme un fief impérial.

Bien que le marché eût été tenu secret, Giovan Gastone savait fort bien que son père versait à Léopold, pour s’assurer la neutralité de l’empereur, un tribut annuel de 150 000 doublons. Je venais du royaume de Naples, asservi à l’Espagne depuis deux siècles et demi.

Les ruses de Cosimo III pour maintenir l’indépendance du grand-duché me semblaient dignes de louanges. Il n’en était pas ainsi pour Giovan Gastone qui, se sentant négligé par son père et traité comme une quantité infime, en avait profité pour développer de précoces facultés critiques et juger sans indulgence la conduite paternelle de l’Etat.

Le Règne du « Dernier di Médici »

La mort de son frère aîné en 1713 fait de lui l’héritier malgré lui. Il succède à son père en 1723 et devient le dernier des Médicis à monter sur le trône. Alors que tous espèrent un renouveau, le règne de Giovan Gastone est tout sauf conventional. Écœuré par l’étiquette et les intrigues de palais, il laisse l’administration du grand-duché à ses ministres compétents, dont le Giuliano Dami, qui tenta courageusement de réformer les finances et la justice.

Le nouveau Grand-Duc, lui, se retire dans ses appartements, s’entourant de favoris (le célèbre « Ruspanti ») et sombrant dans l’alcoolisme chronique pour fuir une réalité qu’il abhorrait. Paradoxalement, cette « non-gouvernance » fut plutôt bénéfique : en mettant fin à l’Inquisition fanatique de son père et en allégeant le fardeau fiscal, il offrit à la Toscane une période de paix relative et de tolérance retrouvée. Son amour pour les arts perdura, même si les fonds manquaient pour de grands projets.

Pourquoi Giovan Gastone Di Medici est-il un Personnage Atypique ?

Giovan Gastone ne fut ni un héros ni un tyran. Son atypisme réside dans son refus radical du rôle que son sang lui imposait. Dans un siècle où la monarchie était sacralisée, il en a rejeté les fastes et les devoirs. Intellectuel contraint d’être souverain, homosexuel forcé à se marier, libre penseur étouffé par un dogmatisme religieux, il incarne la contradiction humaine face au destin.

Il est l’anti-héros par excellence, une figure tragique et profondément moderne dont la sensibilité fut broyée par le poids écrasant de l’histoire et de la tradition.

Son règne ne fut pas glorieux, mais il offrit à la Toscane une transition pacifique et mit fin, par son simple être, à l’une des dynasties les plus célèbres de l’Histoire. En cela, le dernier des Médicis reste un personnage atypique dont la mélancolique destinée continue de nous fasciner et de nous émouvoir.

Sources principales.

Wikipedia

Encyclopædia Britannica

Encyclopedia.com

Sources historiques spécialisées

Manuscrit historique principal

Sources muséales

Sources biographiques spécialisées

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