Chers passionnés d’histoire et d’aventures antiques,
Aujourd’hui, je vous embarque pour un voyage extraordinaire au cœur de l’Empire Achéménide(En Persan : هخامنشیان Hakhāmanishiya), une puissance colossale qui a marqué l’âge classique de son empreinte indélébile. Imaginez un empire s’étendant sur trois continents, de la Grèce à l’Inde, un véritable creuset de cultures et de destins. C’est dans ce cadre grandiose que nous allons explorer la figure fascinante et souvent controversée de Cambyse II, un roi dont le règne fut aussi bref qu’incandescent, à l’ombre de son illustre père, Cyrus le Grand.
Aux Portes d’un Empire Gigantesque : L’Héritage Achéménide
L’Empire Achéménide, à son zénith, couvrait une superficie stupéfiante de près de 7,5 millions de km². Ce fut sans conteste le plus vaste empire de l’Antiquité classique, englobant des territoires aussi divers que l’Afghanistan, le Pakistan, l’Asie Centrale, l’Asie Mineure,, les régions côtières de la mer Noire, Thrace, la Macédoine le nord de l’Arabie Saoudite, la Jordanie, Israël, le Liban, la Syrie,, l’intégralité de l’Égypte une partie de la Libye occidentale, et une bonne portion de la Grèce .
L’histoire de cet empire débute généralement avec Cyrus II, le Grand, un descendant d’Achéménès. Ce monarque visionnaire, après avoir soumis les Mèdes (Guerres Médiques ; )et revendiqué le titre de Roi des Perses et des Mèdes, s’est avéré être l’un des plus grands conquérants que le monde antique ait connus. Il a non seulement unifié l’Asie Mineure,, mais a également instauré une politique de tolérance et de respect des cultures locales, une véritable révolution pour son époque. C’est lui qui a libéré les Juifs de Babylone, leur permettant le retour à Jérusalem et la reconstruction de leur temple, un acte qui lui valut une place de révérence dans leurs récits.
La pierre angulaire de cette dynastie reposait sur un sentiment profond de loyauté des sujets envers le Roi, souvent vénéré comme une émanation divine, le « Roi des rois ». Cette idéologie, tout en étant puissante, était également fragile, car elle dépendait de la force et de la légitimité perçue de chaque monarque.
Tandis que Cyrus posait les fondations, Darius I et Xerxès I , ses successeurs, tentèrent d’étendre davantage l’influence perse, notamment vers la Grèce. Leurs tentatives, immortalisées par les Guerres Médiques, se soldèrent par des échecs cuisants, malgré plusieurs invasions. Ces défaites, bien que non fatales à court terme, semèrent les graines du doute et de la résistance.
Pourtant, la force de l’empire ne résidait pas seulement dans sa puissance militaire, mais aussi dans sa remarquable administration. Le système des satrapies – des provinces gouvernées par des satrapes nommés par le roi – assurait une gestion efficace et un contrôle centralisé. Le célèbre « Chemin Royal », un réseau routier sophistiqué, facilitait la communication et le commerce, tandis qu’un service postal efficace garantissait la transmission rapide des ordres royaux. C’était un empire globalisé avant l’heure, où les cultures se rencontraient et, le plus souvent, coexistaient sous l’égide du Grand Roi.
Après plus de deux siècles de suprématie, l’Empire Achéménide connut un lent mais inéluctable déclin. Les causes furent multiples et s’additionnèrent comme autant de failles dans un édifice autrefois inébranlable : un affaiblissement progressif du pouvoir central, les intrigues incessantes des harems royaux, la vie trop fastueuse de dirigeants souvent déconnectés des réalités de leur empire, une décadence générale des mœurs, des rébellions nationales récurrentes dans les territoires conquis (l’Égypte, la Grèce, etc.), renforcées par les défaites perses lors des Guerres Médiques, l’affaiblissement de l’armée, et des soulèvements fréquents des satrapies. L’écroulement final fut quasi immédiat lorsque le roi de Macédoine Alexandre le Grand déferla sur le Proche-Orient (336-323 av. J.-C.). La dynastie Achéménide s’éteignit tragiquement en 330 av. J.-C. avec l’assassinat de Darius III marquant la fin d’une ère glorieuse.
Cambyse II : L’Ombre de Cyrus et la Soif de Conquête
C’est dans l’histoire de cette lignée que s’inscrit le personnage de Cambyse II (parfois orthographié Cambise, Cambises, Kambyses en grec, ou Kambûdschīye en persan). Manéthon, l’historien égyptien, le nomme également Cambysês. Il est le deuxième roi de la dynastie Achéménide et, à ce titre, le successeur direct de Cyrus le Grand.
Son origine exacte a fait l’objet de quelques débats au fil des siècles. S’il est aujourd’hui communément admis qu’il était le fils de Cyrus II et de la reine Cassandane, il est intéressant de noter qu’Hérodote, le « Père de l’Histoire », (v.484-v.425 av. J.-C.) le présente comme le fils de la reine Neithiyti (ou Nitètis), une princesse d’Égypte, fille du Pharaon Apriès (589-570 av. J.-C.).
Cette version, si elle était avérée, aurait pu donner à Cambyse une légitimité particulière aux yeux des Égyptiens, bien que la plupart des historiens modernes penchent pour une ascendance purement perse. Quoi qu’il en soit, Cambyse II, tout comme son père, allait se révéler être un guerrier audacieux et ambitieux. Dès sa prise de pouvoir, il tourna son regard vers de nouvelles conquêtes. Avant même le décès de Cyrus, en octobre 538 av. J.-C., après la mort de Gobryas (le satrape de Babylonie), Cyrus II le nomma Roi de Babylone, le préparant ainsi à de hautes responsabilités.
Le Rêve Égyptien : Une Conquête Stratégique
L’Égypte, ce joyau millénaire, représentait pour les Perses non seulement un réservoir de richesses inouïes mais aussi une terre de prestige et un point de contrôle stratégique sur la Méditerranée orientale. La conquête de l’Égypte fut donc l’objectif prioritaire de Cambyse II, et les préparatifs de guerre, entamés dès 526 av. J.-C., furent méticuleusement planifiés.
Il ne s’agit pas d’une simple marche, mais d’une opération d’envergure. Dans cette optique, Cambyse II noua secrètement une alliance avec Polycrate de Samos, un tyran grec dont le frère, Syloson, commandait une partie de la flottille de l’île pour l’Égypte. Cette alliance était cruciale pour obtenir un soutien naval. Dans un premier temps, Cambyse II consolida ses possessions en Phénicie, puis il s’empara de Chypre. Ces deux régions, dotées de puissantes flottes, permirent à l’armée perse de disposer d’une force maritime redoutable, indispensable pour une invasion de l’Égypte.
Le pharaon Psammétique III (526-525 av. J.-C.), le dernier de la XXVIe dynastie (Saïte), attendait des renforts qui ne vinrent jamais, trahi par des alliés cruciaux. Polycrate de Samos, comme nous l’avons vu, rejoignit Cambyse II. Plus dévastateur encore fut le ralliement de Phanès d’Halicarnasse, un mercenaire grec d’une importance capitale, chef des troupes cariennes. Phanès possédait une connaissance intime de l’Égypte, de son armée et surtout de ses voies d’accès, un atout inestimable pour les envahisseurs perses.
La Chute de l’Égypte et la Légende des Chats
La campagne égyptienne de Cambyse II fut fulgurante. Le roi perse s’empara d’abord de Gaza, porte d’entrée du Delta, qui lui servit par la suite de tête de pont pour toutes ses opérations. Puis, son armée traversa le Sinaï, un exploit logistique rendu possible grâce à l’aide des tribus arabes qui assurèrent le ravitaillement en eau des troupes. Au printemps 525 av. J.-C., l’armée égyptienne fut écrasée à la bataille de Péluse. Cette victoire ouvrit la voie au Delta et à la capitale. Cambyse II continua sa progression et entama un court siège de Memphis, où Psammétique III s’était réfugié. Le pharaon subit une nouvelle défaite, et après seulement six mois de règne, il fut vaincu.
C’est ici qu’intervient une anecdote fascinante, rapportée par Polyen (Strategemata 7.9) et d’autres auteurs grecs, bien que son authenticité soit débattue par les historiens modernes. Selon cette légende, pour briser la résistance égyptienne à Péluse, Cambyse II aurait eu une idée de génie. Sachant le culte quasi fanatique que les Égyptiens vouaient aux chats – considérés comme la réincarnation de la déesse Bastet – il aurait fait placer des chats sur les boucliers de ses soldats.
Horrifiés à l’idée de blesser ces animaux sacrés, les Égyptiens auraient préféré se rendre plutôt que de risquer de commettre un sacrilège. Que la véracité de cette histoire soit réelle ou non, elle illustre parfaitement la perspicacité de Cambyse II à exploiter les croyances de ses adversaires, ou du moins la perception que les Grecs avaient de cette conquête.
Psammétique III fut capturé et sa capitulation entraîna la soumission du reste du pays. Cambyse II le déporta à Suse et, selon Hérodote, le fit mettre à mort avec 2 000 autres captifs après une tentative de rébellion. Ce fut la fin d’un nouvel Empire égyptien, celui de la XXVIe dynastie Saïte, qui passa sous domination achéménide et devint une satrapie perse. Une anecdote veut que le fils de Psammétique III, Inaros, devenu roi de Cyrène, aurait fomenté une révolte dans le Delta contre les Perses en 460 av. J.-C.
Cambyse II fonda la XXVIIe dynastie égyptienne en se faisant instaurer Pharaon par le clergé de Saïs, l’ancienne capitale. Il adopta une titulature à la manière de ses prédécesseurs, montrant ainsi son intention de régner non comme un simple occupant, mais comme un souverain légitime. Cette action inaugura la première domination perse sur l’Égypte, qui dura cent vingt ans.
Il est important de noter que, si Cambyse II revendiquait le contrôle de toute l’Égypte, d’autres rois régionaux continuèrent à se présenter comme « Rois d’Égypte », même s’ils ne régnaient que sur de petits territoires. Les rois achéménides assumèrent idéologiquement la succession des rois saïtes.
Il semble qu’il y eut une bonne entente entre une partie de l’aristocratie égyptienne et les Perses, contrairement à la version souvent négative des auteurs grecs. L’économie et la culture en Égypte furent d’ailleurs, par certains aspects, renforcées par les Perses, qui encadrèrent strictement les Grecs, Phéniciens et Juifs que les Saïtes avaient laissé entrer dans le pays.
Son règne
La conquête de l’Égypte
Les préparatifs de guerre en vue de la conquête de l’Égypte débutèrent à partir de 526 et furent soigneusement planifiés. Ce fut sûrement dans cet optique que Cambyse II passa secrètement une alliance avec Polycrate de Samos, dont le frère Syloson commandait la flottille de l’île pour l’Égypte. Dans un premier temps Cambyse II consolida ses possessions en Phénicie, puis il prit Chypre. Ces deux forces maritimes permirent à l’armée Perse de se doter d’une flotte très puissante. Puis il marcha sur l’Égypte. Le Pharaon Psammétique III (526-525) attendait du renfort, mais il fut trahi par ses alliées Cariens : Polycrate de Samos qui rejoignit Cambyse II et Phanès d’Halicarnasse, un important mercenaire chef des troupes Cariennes qui avait une grande connaissance de l’Égypte, en particulier de ses voies d’accès.
Cambyse II tenant prisonnier le Pharaon Psammétique III –
Des Campagnes Ambitieuses mais Inachevées
Fier de sa conquête égyptienne, Cambyse II voulut poursuivre son expansion territoriale. Il tourna son regard vers la Libye et la Cyrénaïque à l’Ouest, et la Nubie au Sud. La Libye et Cyrène se soumirent sans combattre, témoignant de la puissance intimidante de l’Empire.
Cependant, l’expansion de l’Empire Achéménide rencontra ses limites à Carthage. Les troupes phéniciennes de l’armée perse, dont la flotte était essentielle, refusèrent catégoriquement d’attaquer Carthage, une ville d’origine phénicienne et sa « sœur » commerciale. Cet épisode est fascinant : il démontre que même au zénith de sa puissance, le Grand Roi devait parfois composer avec les loyalties et les intérêts de ses sujets, et que l’unité de l’Empire n’était pas monolithique.
Dans le Sud de l’Égypte, Cambyse II échoua également à soumettre l’oasis d’Amon (Siwa), une région stratégique et symboliquement importante. Selon Pierre Briant, éminent spécialiste de l’Empire perse, il eut au début quelques succès dans le Nord de la Nubie, mais il fut ensuite battu, probablement du fait d’une mauvaise connaissance du terrain et des difficultés logistiques du désert.
C’est ici que l’histoire se pare de légendes. On parle parfois de « l’armée perdue de Cambyse », une force de 50 000 hommes que le roi aurait envoyée détruire le temple d’Amon à Siwa, et qui aurait été engloutie par une tempête de sable, ne laissant aucune trace. Cette histoire, rapportée par Hérodote, a captivé l’imagination pendant des siècles, inspirant des explorations et des recherches archéologiques, sans que l’on ait jamais trouvé de preuve concrète. Elle sert d’illustration parfaite des périls des campagnes désertiques et peut-être des limites de la toute-puissance perse.
Concernant la campagne de Nubie, des inscriptions de Napata (aujourd’hui au musée de Berlin) par le prince nubien Nastesen (Nastasen) décrivent une victoire sur les troupes de « Kembasuden » et se vantent d’avoir pris leurs navires. Certains spécialistes ont identifié ce « Kembasuden » à Cambyse II. Pour d’autres, ces textes ne se rapportent pas à Cambyse II, mais au Roi Khababach (ou Khabbach, XXXIe dynastie, 337-335 av. J.-C.), car Nastesen a vécu beaucoup plus tard (335-315/310 av. J.-C.). Cependant, il est avancé que Nastesen était le fils de la Reine Pelkha, suggérant peut-être qu’il s’agit de deux personnages différents, ou d’une erreur d’identification.
La légende raconte que la mère de Nastesen, Kandake (ou Candace), l’avait envoyé attirer une partie des forces perses le plus profondément possible en territoire nubien avant de les engager. Une stratégie qui aurait été si bien exécutée que l’avant-garde de l’armée de Cambyse II ne put jamais être récupérée vivante, forçant le roi perse à battre en retraite vers l’Égypte. Quoi qu’il en soit, Cambyse II ne tenta jamais de reconquérir la Nubie. Ces échecs, combinés à la tragédie carthaginoise, montrèrent que même le plus grand empire de son temps avait des talons d’Achille.
La Fin d’un Règne Tourmenté : Entre Folie et Révolte
C’est à la suite de ces revers que l’image de Cambyse II bascule dans la tragédie, du moins selon la version la plus célèbre, celle d’Hérodote. L’historien grec dépeint un roi frappé de folie, l’esprit troublé par les échecs, se livrant à des violences inouïes et des sacrilèges.
Parmi les actes attribués à cette folie, les plus choquants incluent la profanation de lieux saints égyptiens, la moquerie des rites funéraires et, surtout, le meurtre du taureau Apis, considéré comme une incarnation divine par les Égyptiens. Hérodote raconte que Cambyse, ivre de rage, aurait mortellement blessé l’animal sacré d’un coup de poignard, ordonnant ensuite que tous ceux qui le vénéraient soient fouettés. Un tel acte, s’il était vrai, aurait été un affront insupportable à la religion égyptienne et aurait sapé toute légitimité de Cambyse en tant que pharaon.
Les Grecs le décrivent également comme un tyran sanguinaire : il aurait fait assassiner sa propre sœur-épouse, qu’il aurait épousée contre les coutumes perses, et aurait tué le fils de son conseiller Prexaspes d’une flèche en plein cœur pour prouver sa sobriété. Ces récits brossent le tableau d’un homme au bord de la névrose, dont le règne aurait été marqué par la cruauté et l’instabilité mentale.
Cependant, il est essentiel de tempérer ces récits. Les sources grecques, en particulier Hérodote, avaient une vision souvent négative et stéréotypée des souverains perses, les présentant comme des despotes orientaux, par opposition à la liberté grecque. Les inscriptions perses, comme l’inscription de Behistun de Darius Ier, offrent une tout autre perspective. Elles dépeignent Cambyse II comme un souverain légitime, victime d’une usurpation de pouvoir orchestrée par un mage du nom de Gaumata, qui se fit passer pour le frère de Cambyse, Smerdis. Selon cette version perse, Cambyse II serait mort accidentellement en Syrie, lors de son retour précipité pour réprimer cette révolte.
Sa mort, en mars 522 av. J.-C. (les dates varient légèrement selon les sources, souvent en été 522), est elle-même sujette à débat. Hérodote raconte qu’il se serait blessé à la cuisse avec son propre poignard en montant à cheval, dans la même région que celle où l’Apis aurait été poignardé, réalisant ainsi une prophétie. L’infection aurait entraîné sa mort. Ctesias, un autre historien grec, parle d’un suicide. La version perse, moins dramatique, évoque une mort « naturelle » mais accidentelle.
Quoi qu’il en soit, la mort de Cambyse sans héritier direct plongea l’Empire dans une crise de succession majeure. L’usurpateur Gaumata régna brièvement, mais fut rapidement renversé par Darius Ier et six autres nobles perses. Darius, pour légitimer son coup d’État, présenta Gaumata comme un imposteur se faisant passer pour Smerdis (le vrai Smerdis, frère de Cambyse, aurait été secrètement assassiné par Cambyse lui-même, selon la version de Darius). Cette controverse autour de Smerdis et de Gaumata est l’un des mystères les plus persistants de l’histoire achéménide.
Les campagnes suivantes
La Légende et l’Héritage
Cambyse II reste un personnage complexe. Fut-il un conquérant impitoyable, un pharaon tolérant ou un tyran fou ? Probablement un peu des trois. Il fut un continuateur de l’œuvre de son père, consolidant et étendant l’empire jusqu’aux rives du Nil. Sa conquête de l’Égypte est un jalon majeur de l’histoire antique, scellant le destin du pays des pharaons pour plus d’un siècle sous domination perse.
Son règne nous rappelle que l’histoire est rarement univoque, souvent le fruit d’interprétations et de propagandes des vainqueurs… ou des témoins hostiles. Les historiens grecs, souvent enclins à glorifier leurs propres cités et à dénigrer les « barbares » orientaux, ont sans doute amplifié les traits négatifs de Cambyse. Les sources perses, cherchant à légitimer le règne de Darius, ont probablement gommé certaines réalités.
Au-delà des légendes, Cambyse II fut un roi qui osa l’impossible, traversant les déserts pour soumettre l’une des civilisations les plus anciennes et les plus symboliques. Il fut à la fois l’héritier d’une gloire immense et le précurseur des tensions qui allaient, à terme, fragiliser l’édifice achéménide. Son histoire est celle d’une ambition démesurée, de revers inattendus, et d’une fin mystérieuse, une épopée digne des plus grands récits antiques.
Selon Hérodote, le nom du Mage était Oropastes, mais selon Ctésias de Cnide il s’appelait Sphendadates. Darius I dit aussi que certains temples furent détruits par Bardiya/Gaumata, qu’il dût plus tard restaurer. Selon Hérodote, le règne despotique de Cambyse II, couplé avec sa longue absence en Égypte, contribua au fait que tous les peuples, Perses, Mèdes et ceux des autres nations, reconnurent l’usurpateur, d’autant plus qu’il bénéficièrent d’une remise d’impôts pendant trois ans (III.68).
▪ Fin du printemps 522, Cambyse II commença à marcher contre lui, mais il mourut en Syrie, alors qu’il se dirigeait vers la Perse. En juillet 522, Bardiya (ou Gaumata) fut déclaré Grand Roi de l’Empire Perse, mais le règne de Bardiya (ou Gaumata) va profondément mécontenter l’aristocratie Perse. Bardiya (ou Gaumata) est assassiné par une coalition de sept généraux le 29 Septembre 522, l’un de ceux-ci, Darius I lui succédant sur le trône. Bénéficiant de complicités à l’intérieur du palais, ils purent atteindre les quartiers royaux et après avoir tué les eunuques de la garde rapprochée du Roi, ils pénétrèrent dans sa chambre et l’assassinèrent dans son lit.
Toujours selon Hérodote, le véritable Bardiya avait une seule fille, appelée Parmys, qui épousa Darius I, pour légitimer ses prétentions au trône. Selon Hérodote (~79 Ctes. Pers.15), le décès du faux Bardiya fut célébré chaque année en Perse par une fête appelée « L’assassinat du Mage » (ou Magiophani) au cours de laquelle aucun Mage était autorisé à se montrer.
Le point de vue révisé
Les historiens aujourd’hui, comme Albert Ten Eyck Olmstead, Tom Hollande et Michae Axworthy, sont divisés sur la véracité des affirmations de Darius I et des auteurs anciens, sur le fait que la royauté de Bardiya ait été usurpée par Gaumata. Certains pensent que cette histoire ne serait qu’une pure propagande inventée par Darius I pour légitimer sa propre usurpation du trône Perse. Selon Muhammed Abdulkadyrovič Dandamaev, ces interprétations des faits doivent rester hypothétiques. Il y a de toute évidence quelques invraisemblances dans cette histoire dite officielle.
Par exemple, le fait que l’imposteur ressemblait si exactement au vrai Bardiya que même son harem de femmes ne vu pas la différence. En Février 521, une autre personne nommée Vahyazdāta, prétendit aussi être Bardiya et réclama le trône dans l’Est de la Perse contre Darius I. Il rencontra un grand succès, mais il fut vaincu, fait prisonnier et exécuté par le Roi. Certains pensent qu’il est le même que Maraphis (ou Maraphian), Roi d’une tribu Perse, qui se présente en tant que successeur dans la liste des Rois Perses donnée par Eschyle (Pers. 778).
Sa mort
La mort de Cambyse II (et même la date exacte) reste encore un mystère. Selon Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif de langue Grecque, 37-v.100 ap.J.C), Cambyse II mourut à Damas (Les Antiquités Judaïques, xi. 2. 2). Selon Ctésias de Cnide (Médecin Grec d’Artaxerxès II, historien de la Perse et de l’Inde, mort v.398), le Roi de Perse mourut à Babylone, ce qui est pratiquement impossible. Ctésias écrit que Cambyse II, attristé par la perte de membres de sa famille, se serait poignardé dans la cuisse avec un morceau de bois. Il serait mort onze jours plus tard d’une infection de la plaie.
Enfin, selon Hérodote, en Syrie, alors que le Roi rentrait en hâte vers la Perse, en montant à cheval, la pointe du fourreau de son épée se brisa et lui transperça la cuisse. D’après l’historien, Cambyse II mourut au début de l’été 521 de la gangrène (Histoire de l’Égypte, 3. 66), alors que les historiens sont en grande majorité sur l’an 522 (en Mars ou en Juillet pour les plus précis) pour la date de son décès. Toujours Hérodote, avance qu’il serait mort à Ecbatane (ou Hamath ou Hama), ville sur les rives de l’Oronte dans le centre de la Syrie (3.64, qu’il ne faut pas confondre avec Ecbatane (Hamadan) en Iran. Certains historiens modernes, dont Marc Van De Mieroop, soupçonnent que Cambyse II fut peut-être été assassiné, soit par Darius I afin d’usurper le trône, ou par des partisans de Bardiya.
Tour-tombeau Achéménide
Sa sépulture
L’emplacement du tombeau du Roi est incertain et toujours débattu. Certains spécialistes, dont Maryam Tabeshian, pensent (et ils sont la majorité) qu’il fut enterré à Pasargades et ils identifient la tour dite « Zendane Sulaiman », comme son tombeau. La plate-forme de pierre inachevée (?) connue sous le nom de Takht-e Rustam, près de Naqsh-e Rostam, a longtemps été vu par les archéologues comme un emplacement possible pour le tombeau de Cambyse II. Cette idée repose sur la similitude de son design et de ses dimensions avec ceux de la tombe de Cyrus II à Pasargades.
Cependant, parmi les cylindres trouvés dans les fortification de Persépolis, il y en a un, dont le texte est en Élamite, qui fait référence à la « Sumar de Cambyse et Dame Upanduš à Narezzaš » (NN 2174). Wouter Henkelman a fait valoir que Sumar devrait être traduit par « tombeau ». Narezzaš étant généralement identifiée avec la ville moderne de Neyriz (ou Neyrīz ou Nīrīz) dans la province du Fars. Henkelman soutient que le tombeau de Cambyse II devrait être situé dans cette zone. Le mot Upanduš du texte n’est connu dans aucune autre source, il fait peut-être référence à une Reine de Cambyse II ?.
Une légende sur le Roi
Selon Hérodote, Cambyse II envoya une armée menacer l’oracle d’Amon, à l’Oasis de Siwa. L’armée de 50 000 hommes est à mi-chemin à travers le désert quand une énorme tempête de sable se déclencha et les enterra tous. Bien que de nombreux égyptologues considèrent l’histoire comme un mythe, des fouilleurs ont recherché les restes des soldats pendant de nombreuses années. Ceux-ci inclus le Comte László Almásy (Expédition sur quoi le roman : Le Patient anglais était basée) et le géologue Tom Brown.
Un roman de Paul Sussman : The Lost Army Of Cambyse, 2002, retrace l’histoire des expéditions archéologiques rivales dans la région. En Janvier 1933, Orde Wingate chercha sans succès l’armée perdue de Cambyse II dans le désert occidental d’ Égypte, alors connu sous le nom le désert de Libye. En Février 1977, il y eut des rapports d’archéologues qui auraient trouvé les restes de l’armée du Roi, mais cette histoire se révéla être un canular.
L’armée perdue de Cambyse II
Photo avant retouche : Wikipedia.org
De Septembre 1983 à Février 1984, des recherches furent faites par Gary S.Chafetz, expédition commanditée par l’Université de Harvard et la National Geographic Society. Les fouilles durèrent six mois, réalisées le long de la frontière Égypto-libyenne et sur une distance de 100 km² de dunes au Sud-ouest de l’oasis de Bahrein, près de Siwa. Si plusieurs choses furent mises au jour rien concernant la fameuse armée. À l’été 2000, une équipe géologique de l’Université de Helwan, lors d’une prospection de puits de pétrole dans le désert occidental, a découvert des fragments bien conservés de textiles, cependant le Conseil suprême des antiquités Égyptiennes n’a pas donné suite.
Enfin, en Novembre 2009, deux archéologues Italiens, Angelo et Alfredo Castiglioni, ont annoncé la découverte de restes humains, d’outils et d’armes qui datent de l’époque de l’armée Perse. Ces objets étaient situés près de l’oasis de Siwa. Toutefois un doute sur cette découverte subsiste, du fait de la non crédibilité des deux Italiens. Le Secrétaire Général du Conseil suprême des antiquités de l’époque, Zahi Hawass, avait déclaré dans un communiqué de presse : « Les rapports des fouilleurs ne sont pas fondés et trompeurs » ….. « Les frères Castiglioni n’ont pas été autorisés par le CSA à fouiller en Égypte, donc tout ce qu’ils prétendent avoir trouvé, ne doit pas être pris en considération ».
Généalogie de la Dynastie Perse Achéménide Sa famille
Cambyse II eut trois épouses :
• Atossa (ou Atousa), sa sœur (ou demi-sœur). Elle est également connue sous le nom de Hattuosa ou Hutaosa ou Utauθa ou Hutaosā. Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.
• Méroé, sa demi-sœur. Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.
• Roxane (ou Rôxánê ou Rhôxane ou Roxana ou Roksana ou Raoxshna ou Roshanāk ou Roshaniâ ou Rokhsana ou Roxanne ou Roxandra {Beauté lumineuse} ou {L’aube} , en Grec : Ρωξάνη , en Persan : رخسانه), sa sœur que le Roi assassina. Il faut noter que d’autres sources avancent qu’elle serait morte en 523 en Égypte d’une fausse couche. Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.
Conclusion
Alors que je referme les chapitres poussiéreux de l’histoire de Cambyse II, une image complexe et profondément humaine se dessine. Loin du simple conquérant sans âme, je perçois un homme aux prises avec le poids d’un héritage colossal – celui de Cyrus le Grand – et les espoirs immenses qu’il portait. Ses ambitions étaient à la hauteur de l’empire qu’il gouvernait, mais la fragilité de la condition humaine, qu’il s’agisse de folie, de revers militaires ou de complots politiques, rattrape même les plus puissants.
Cambyse II est un miroir des défis que posent l’histoire et ses récits. Est-il le tyran sanguinaire dépeint par Hérodote, obsédé par la destruction et la cruauté ? Ou bien le souverain légitime, victime d’une conspiration, dont les échecs ont été exagérés par ses détracteurs ? Probablement un peu des deux, car la vérité historique est rarement binaire. Cela nous rappelle l’importance cruciale de croiser les sources, de questionner les narrations et de chercher au-delà des légendes édifiantes ou des propagandes partisanes.
Ce qui est certain, c’est que Cambyse II a laissé une empreinte indélébile. Sa conquête de l’Égypte a non seulement remodelé la carte du monde antique, mais a aussi initié une période de domination perse qui a durablement influencé la civilisation égyptienne. Il fut un architecte de l’Empire Achéménide, un homme qui a repoussé les limites de ce qui était considéré comme possible. Et c’est cette audace, cette complexité et cette part de mystère qui, des millénaires plus tard, continuent de faire de son histoire un sujet de fascination intarissable pour moi, et j’espère, pour vous aussi.
Sources et Liens pour en savoir plus :
- Pierre Briant, Histoire de l’Empire perse de Cyrus à Alexandre : Ouvrage de référence incontournable pour toute étude sur l’Empire achéménide. (Bien que non consultable gratuitement en ligne dans son intégralité, des extraits et analyses sont disponibles).
- Persepolis.fr – L’Empire Achéménide : Une ressource française dédiée à l’histoire perse. [Lien non direct car le site est en maintenance ou a changé, mais une recherche Google « Persepolis.fr site officiel Histoire Achéménide » permet de trouver des articles équivalents sur l’histoire achéménide.]
- Musée du Louvre – Les Achéménides : Le Louvre possède une riche collection d’art perse achéménide et offre des informations sur le contexte historique.
- Herodote.net – Cambyse II : Un site historique français populaire offrant des articles synthétiques sur diverses figures historiques.
- Encyclopédie Larousse en ligne – Cambyse II : Pour une définition concise et fiable.
- Universalis.fr – Cambyse II : Article encyclopédique détaillé nécessitant un abonnement pour l’accès complet, mais le début de l’article est souvent accessible et informatif.
- CAIRN.info – Articles de revues historiques : Pour des études académiques, en recherchant « Cambyse II » ou « Empire Achéménide ». Accès partiel gratuit ou via abonnement institutionnel.
- Wikipédia (version française) – Cambyse II : Souvent un bon point de départ pour une vue d’ensemble et des références bibliographiques.
Copyright © 2016 Angie Paris Rues Méconnues Officiel.1997-2016 Tous Droits réservés
#Archeology #Archéologie #AncientCivilizations #CivilisationsDuPassé #Perse #Persia #Iran