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Abu Jani Sandeep Khosla : les Dolce & Gabbana Indiens qui redéfinissent la masculinité.

Sonam Kapoor in Abu Jani Sandeep Khosla at the Chopard Parfums La Nuit Des Rois dinner party at the Cannes Film Festival on May 20, 2019

L’air de Monaco avait ce soir-là un parfum particulier. Un mélange d’iode méditerranéenne et d’effluves de jasmin lointains, comme si l’Inde s’était invitée sur le Rocher par un coup de baguette magique. Invitée à une présentation privée de la dernière collection de Sandeep Khosla, j’ai plongé tête la première dans un univers où le vêtement n’est plus une simple parure, mais un manifeste.

On les appelle souvent les « Dolce & Gabbana de l’Inde ». Si la comparaison flatte l’ego européen, elle est presque réductrice tant le duo Abu Jani et Sandeep Khosla a sculpté l’identité visuelle de l’Inde moderne bien au-delà des podiums. Depuis 33 ans, ces deux-là ne se contentent pas de marier des tissus ; ils marient des vies, des combats et une vision de la société qui bouscule nos certitudes les plus ancrées sur la masculinité

Extravagant et luxueux: ces deux mots pourraient résumer le travail du designer Indien Sandeep Khosla et de son partenaire, en affaires comme en amour, depuis 33 ans Abu Jani.  Cela pourrait si ce n’était pas aussi réducteur.

Ils sont bâti leur réputation locale et mondiale en transformant les codes de la société. Des costumes traditionnels aux coupes européennes, ils s’approprient la forme et les finitions en y rajoutant cette pincée de rêve et de d’embellissements glamour complexes colorés  typiquement Indien.  Devenu ainsi un chef d’œuvre, le vêtement parle des rites et inspirations, certes propre à leur région d’origine, mais qui transmettent un message qui parle à tous.

L’Alchimie de deux destins contraires

Pour comprendre la puissance de leur griffe, il faut d’abord disséquer le terreau sur lequel elle a poussé. Rien, en apparence, ne destinait ces deux hommes à fusionner leurs talents pour devenir les stylistes fétiches de Bollywood et d’Hollywood (on se souvient de la robe de Judi Dench aux Oscars ou des apparitions de Beyoncé).

Abu Jani et Sandeep Khosla, duo culte de la mode indienne. Leur style opulent, mêlant broderies traditionnelles et silhouettes fluides, redéfinit les codes de la masculinité.

D’un côté, il y a Sandeep Khosla. Pour lui, le chemin semblait tracé dans la soie. Né à Kapurthala dans un milieu privilégié, il a grandi dans l’ombre des palais, fréquentant les prestigieuses écoles de Welham et Doon. C’est le parcours classique de l’élite indienne, mais avec une faille : un désir irrépressible de créer qui ne cadrait pas avec les attentes rigides de son milieu. Ses débuts dans l’industrie du cuir furent laborieux, parsemés de doutes, jusqu’à ce déménagement salvateur à Mumbai. C’est là, dans l’effervescence de la cité des rêves, qu’il a enfin accepté qui il était, loin des préjugés, prêt à conquérir le monde.

La rencontre qui devient un catalyseur. L’acceptation de soi en dépit des préjugés, puis la rencontre avec celui qui va changer sa vie. Former un partenariat extraordinaire, poser les jalons du succès, et recevoir de la reconnaissance et la célébrité à de l’audace et un talent flamboyant.

De l’autre, il y a Abu Jani. Son histoire est celle d’une résilience silencieuse. Issu d’une famille bohra très traditionnelle, Abu a dû naviguer dans un monde qui ne comprenait pas son rythme. Dyslexique, hyperactif, il a longtemps été perçu comme un enfant en difficulté scolaire. Mais là où les mots lui échappaient, les formes et les couleurs lui parlaient. Manque de confiance en soi, chaque jour étant une lutte contre soi-même, contre les autres. Abu possède une compréhension innée de la beauté urbaine de Mumbai, cette ville-monstre qui est un carrefour de cultures : Anglo-Indiens, Parsees, Khojas, Gujaratis. Musulmans ce qu’ils ont apporté à la conception est sans précédent.. Il a absorbé chaque détail de cette diversité pour en faire sa force.

Leur rencontre fut l’étincelle. , la rencontre avec Sandeep, l’apaisement . Entente. Collaboration, travailler  ensemble, à bras le corps, Coeur à Coeur, main dans la main, gravir les marches vers un succès sans pareil.
Ensemble, ils ont bâti un empire basé sur une complémentarité totale : la structure et l’audace de Sandeep rencontrant la poésie artisanale et la technique ancestrale d’Abu.

Le Style AJSK : Une Opulence qui raconte une Histoire

Si vous entrez dans l’une de leurs boutiques, ou mieux, si vous avez la chance de goûter à l’hospitalité de leurs espaces (leur approche du design intérieur est aussi célèbre que leur mode), vous comprenez que leur travail est une expérience sensorielle totale. Leur esthétique est une célébration de l’excès maîtrisé.

Ils sont les maîtres incontestés du Chikan (broderie fine de Lucknow) et du Zardozi (broderie à l’or). Mais là où d’autres se contentent de reproduire la tradition, Abu et Sandeep la fracassent pour mieux la reconstruire. Ils prennent des coupes européennes, des silhouettes structurées, et les infusent d’un glamour indien flamboyant. Chaque vêtement est un chef-d’œuvre qui nécessite parfois des milliers d’heures de travail manuel.

Bollywood ou Hollywood le terrain de jeu Robe jaune ocre création du duo phénoménal Abu Jani et Sandeep Khosla

Lors de ce défilé privé à Monaco, j’ai vu des pièces qui défient l’entendement. Janhvi Kapoor, l’une de leurs égéries, portait récemment une de leurs créations qui semblait faite de lumière pure. Mais au-delà des paillettes et des miroirs (Ably), c’est le message politique de cette collection qui a retenu mon attention.

Cette collection présentée à Monaco en défilé privé, a eu le mérite de poser une question intéressante quant à notre regard sur la société. Et les représentations actuelles sur la masculinité et le message que l’on souhaite faire passer quant aux normes imposées par les médias, la société. Sont-elles finalement suffisamment constructives ou alors sont-elles devenues étouffantes et confuses ?

Défilé privé Abu Jani & Sandeep Khosla : Les Rois de la Couture qui Redéfinissent l’Homme    

La Masculinité : Ce « Mot Stupide » ?

C’est ici que le duo devient véritablement révolutionnaire. Dans un monde de la mode masculine souvent coincé entre le costume strict et le streetwear décontracté, Abu Jani et Sandeep Khosla proposent une troisième voie : celle de la vulnérabilité assumée.

Sandeep n’y va pas par quatre chemins : pour lui, le mot « masculinité » est souvent stupide. Pourquoi ? Parce qu’il est devenu une cage, un carcan social qui interdit aux hommes d’explorer leur propre complexité. La collection présentée à Monaco part d’un constat biologique simple mais radical dans le vêtement : nous sommes tous un mélange de chromosomes masculins et féminins.

En voyant défiler ces hommes parés de dentelles, de broderies florales complexes et de tissus fluides, on ne voit pas de la faiblesse. On voit une force nouvelle. Ils utilisent leur formation de tailleurs classiques pour modeler le vêtement sur la physionomie masculine, mais en y injectant une grâce que l’on réserve habituellement aux femmes.

« Qu’est-ce qu’être un homme aujourd’hui ? » semble demander chaque silhouette. Est-ce être ce « macho » qui ne pleure jamais, comme nous l’enseignent encore trop de schémas archaïques ? Ou est-ce avoir le courage d’embrasser sa part de féminité sans craindre le jugement ?

Abu Jani Sandeep Khosla : Les Maîtres de la Haute Couture Indienne

Un Plaidoyer pour la Positivité

Le discours de Sandeep Khosla est profondément humaniste. Il observe avec tristesse une société qui se durcit, qui devient prompte à la critique destructrice et au jugement instantané sur les réseaux sociaux. Pour lui, les hommes sont peut-être aujourd’hui plus perdus que les femmes. Ils manquent de nouveaux leaders, de nouveaux codes qui leur permettraient de s’exprimer sans violence.

Sa réponse ? La positivité. Ses vêtements sont des armures de lumière. Il veut que les jeunes garçons se sentent autorisés à être sensibles, à être beaux, à être fragiles s’ils le souhaitent. L’idée que la virilité serait incompatible avec l’ornementation est une construction sociale récente et surtout très occidentale. Rappelons-nous les Maharajas du passé : ils étaient les hommes les plus puissants de leur temps et portaient des perles, de la soie et des broderies d’or sans que personne ne remette en question leur autorité.

Abu Jani et Sandeep Khosla ne font que ramener cette liberté. Ils disent aux hommes : « Soyez fidèles à vous-mêmes. Forgez votre propre route. »

Quand l’Art de Vivre devient un Festin

Il est impossible de parler de ce duo sans évoquer leur influence sur l’art de recevoir. Si leur mode est un régal pour les yeux, leur vision du design d’intérieur est un banquet pour l’âme. Ils ont cette capacité rare de transformer n’importe quel espace en un lieu de célébration.

C’est d’ailleurs cet aspect de leur travail qui me donne envie de vous inviter à découvrir l’univers des lieux qu’ils ont décorés ou influencés. Que ce soit à travers leurs collaborations avec des hôtels de luxe ou leurs propres espaces de récep

L’Art de la Subversion par le Luxe : L’ADN Abu Jani-Sandeep Khosla

tion, il y a chez eux une culture du « festin » qui dépasse l’assiette.

 

On a envie de s’attabler dans un salon dessiné par eux, car on sait que le moment sera empreint d’une dignité et d’une joie de vivre contagieuse. Leur travail est une invitation à la gourmandise visuelle et spirituelle. Visiter une de leurs expositions ou un espace qu’ils ont conçu, c’est comme s’asseoir à la table d’un grand chef : on en ressort transformé, nourri d’une beauté qui nous rend meilleur.

L’Inde, Monaco et le Reste du Monde

Le choix de Monaco pour ce défilé n’était pas anodin. Le Rocher est le symbole d’un luxe souvent perçu comme immuable et classique. En y apportant leur extravagance indienne, Abu et Sandeep ont créé un choc thermique nécessaire. Ils ont prouvé que la haute couture n’est pas qu’une affaire de Paris ou de Milan. Elle est mondiale, elle est inclusive, et elle est surtout un pont entre les cultures.

Leur partenariat de 33 ans est en soi une œuvre d’art. Dans une industrie connue pour ses ruptures et ses ego surdimensionnés, leur longévité témoigne d’un respect mutuel et d’une vision commune. Ils ont traversé les époques, de l’Inde pré-libéralisation à l’ère du numérique, sans jamais perdre leur essence.

Ils ont su intégrer les influences des communautés de Mumbai dans leurs designs, rendant hommage aux brodeurs anonymes qui sont le sang de leur marque. C’est cette dimension humaine, artisanale, qui rend leur succès si authentique. On n’achète pas un Abu Jani-Sandeep Khosla pour le logo, on l’achète pour l’âme qu’ils y ont insufflée.

Les mannequins présentent les créations des stylistes Abu Jani et Sandeep Khosla lors du lancement de leur boutique à Mumbai.(Photo: IANS)

La Leçon de Style (et de Vie)

Ce que je retiens de cette rencontre et de cette collection, c’est que la mode a un pouvoir de guérison. En redéfinissant les contours de la masculinité, Abu et Sandeep ne font pas que vendre des vêtements ; ils soignent les blessures de ceux qui ne rentrent pas dans les cases.

Ils nous rappellent que la vie est difficile, certes, mais que la négativité, la jalousie et la colère peuvent être transformées en un message positif. C’est une philosophie de combat par la beauté. Pour eux, chaque homme mérite de se sentir comme un prince, non pas par le pouvoir qu’il exerce sur les autres, mais par la maîtrise et l’acceptation de sa propre identité.

Alors, messieurs, si vous hésitez encore à porter cette chemise brodée ou ce tissu un peu trop audacieux pour votre entourage, pensez à Sandeep et Abu. Pensez à ces gènes XX et XY qui dansent en nous. La mode n’est pas là pour vous déguiser, elle est là pour vous révéler.

Une Expérience Sensorielle : Pourquoi vous devez découvrir leur univers

Si je parle d’eux avec autant de ferveur, c’est parce que découvrir leur travail, c’est comme s’attabler dans un restaurant trois étoiles de la haute couture. On n’y va pas juste pour « voir des habits », on y va pour être nourri. Leurs boutiques à Mumbai ou Delhi ne sont pas de simples magasins ; ce sont des temples de l’art de vivre.

L’accueil y est princier, l’esthétique y est totale (ils s’occupent aussi de design d’intérieur, ayant notamment décoré les résidences les plus somptueuses d’Inde). On y perçoit cette volonté de transformer la négativité ambiante en un message lumineux. Dans leurs ateliers, on sent palpiter le cœur d’une Inde qui refuse de choisir entre son passé glorieux et son futur progressiste.

Visiter un espace Abu Jani-Sandeep Khosla, c’est comprendre que le luxe n’est pas une question de prix, mais une question de temps : le temps de la main qui brode, le temps de la pensée qui déconstruit les préjugés, et le temps de l’amour qui unit deux créateurs depuis plus de trois décennies.

On le comprend au vu du nombre de célébrités qui portent leurs créations.

L’Héritage et l’Impact Culturel

Le duo a ouvert la voie à toute une génération de designers. Avant eux, la mode indienne était souvent perçue comme purement traditionnelle ou, à l’inverse, trop servile envers l’Occident. Ils ont créé une troisième voie : celle de l’affirmation culturelle décomplexée.

Ils ont habillé Janhvi Kapoor, la nouvelle icône de la jeunesse indienne, dans des créations qui marient l’innocence et la sensualité, prouvant que leur style n’a pas d’âge. Ils ont su rester pertinents en évoluant avec leur temps, tout en gardant cette colonne vertébrale faite de rigueur technique et de faste visuel.

Leur travail sur la masculinité, particulièrement visible dans cette collection monégasque, est peut-être leur contribution la plus importante à l’époque actuelle. En habillant les hommes avec la même richesse que les femmes, ils abolissent une hiérarchie esthétique qui n’a plus lieu d’être. Ils rappellent que la beauté est un droit humain, indifférent au genre.

Conclusion-Pensées d’Angénic

Pour clore cette immersion dans l’univers d’Abu Jani et Sandeep Khosla, je repars de Monaco avec une certitude : l’élégance de demain sera fluide ou ne sera pas. Ce duo nous offre bien plus qu’une leçon de style ; c’est une leçon de courage. Dans une époque de repli sur soi, oser l’extravagance est un acte politique.

J’ai été frappée par la sérénité qui se dégage de ces deux créateurs. Ils ont compris que le véritable luxe n’est pas le prix du tissu, mais la liberté d’être soi-même. En regardant leurs mannequins défiler, j’ai vu des hommes qui n’avaient plus peur de leur sensibilité. Et c’est sans doute l’image la plus virile que j’aie vue depuis longtemps.

À vous qui lisez ces lignes, que vous soyez homme ou femme, retenez ceci : entourez-vous de personnes qui vous inspirent et qui célèbrent votre lumière. Ne laissez personne vous dire que vous êtes « trop » ou « pas assez ». Si le monde devient violent et prompt au jugement, répondez-lui par une dose massive de beauté et de positivité. C’est le plus bel héritage que nous laisse ce duo extraordinaire. Continuez à avancer, restez forts dans votre vulnérabilité. Vous verrez : tout ira bien.

Varun Dhawan et Alia Bhatt défilent pour Abu Jani Sandeep Khosla

 

Informations pratiques

Adresse: MUMBAI Couture Shop No.7A, Om Chambers Kemps Corner, Mumbai – 400 026. Tel: 91-22-23673505 / 23673401. Fax: 91-22-23673676

Son Site Internet 

  1. Site Officiel Abu Jani Sandeep Khosla : abujanisandeepkhosla.com (Pour découvrir les collections actuelles et l’histoire de la marque).
  2. Vogue India – Profile of the Duo : vogue.in (Un article détaillé sur leurs 33 ans de carrière).
  3. The Business of Fashion (BoF) : businessoffashion.com (Rechercher AJSK pour les analyses économiques sur l’impact de la mode indienne à l’international).
  4. Architectural Digest India : architecturaldigest.in (Pour voir leur travail incroyable en design d’intérieur).
  5. Instagram Officiel : @abujanisandeepkhosla (Pour les visuels des célébrités et les détails des broderies).

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