Imaginez un instant : une allée majestueuse bordée d’arbres centenaires, s’ouvrant sur une façade d’une blancheur éclatante, sculptée de détails néo-classiques, évoquant l’élégance intemporelle des châteaux de la Loire. Non, nous ne sommes pas en France, mais à quelques heures de l’effervescence de New York, sur la mythique Côte d’Or de Long Island.

Là, se dresse Oheka Castle, un monument d’ambition, de splendeur et d’histoire, dont les murs murmurent les récits les plus extravagants de l’Amérique du XXe siècle. C’est plus qu’une demeure ; c’est une icône, un personnage à part entière dans le grand roman de la culture américaine, un lieu où le grandiose architectural rencontre le fantasme du luxe, et où chaque pierre semble imprégnée de légendes, de fêtes somptueuses, et d’un certain écho d’immortalité.

Depuis des décennies, Oheka a captivé l’imagination, servant de toile de fond à des récits fictifs et réels qui ont marqué les esprits. De l’aura mystérieuse du domaine de Jay Gatsby aux clips musicaux démesurés de nos stars contemporaines, ce château est une véritable machine à remonter le temps, un portail vers une époque révolue de grandeur inégalée, et pourtant, étrangement, si actuelle. Ce n’est pas seulement un bâtiment, c’est une expérience sensorielle, une immersion dans un rêve éveillé qui transcende les époques.

L’Écrin d’un Visionnaire : Otto Hermann Kahn et la Naissance d’Oheka

Pour comprendre l’âme d’Oheka Castle, il faut d’abord rencontrer son créateur : Otto Hermann Kahn. Banquier d’affaires new-yorkais, philanthrope et mécène artistique, Kahn était un homme d’une ambition démesurée et d’un goût exquis. Après la perte de sa précédente maison de campagne, Cedar Court, dans un incendie, Kahn a pris une décision radicale : bâtir une forteresse incombustible, un monument à sa réussite, à sa passion pour l’art et à son amour pour la France. Ainsi, en 1919, est né Oheka, un acronyme ingénieux de son nom : O-H-K (Otto HErmann K Ahn). Ce simple détail en dit long sur l’homme : la discrétion d’un nom codé pour une demeure qui était tout sauf discrète.

Les plans furent confiés à l’illustre cabinet d’architectes Delano & Aldrich, réputé pour son éclectisme et sa capacité à marier les styles classiques aux exigences modernes. Pour les jardins, Kahn fit appel aux légendaires Olmsted Brothers, dont le nom est synonyme de l’aménagement paysager américain par excellence, incluant Central Park. Ensemble, ils ont donné naissance à un chef-d’œuvre de la Renaissance Française sur le sol américain.

Un choix de style loin d’être anodin : la Renaissance Française évoque le pouvoir, la culture et une certaine idée de l’art de vivre, des valeurs chères à Kahn. Le château, avec ses 127 pièces et ses plus de 10 000 mètres carrés (109 000 pieds carrés), n’était pas seulement une résidence ; c’était un palais. Il se dresse aujourd’hui comme la deuxième plus grande résidence privée des États-Unis et la plus imposante de la Côte d’Or de Long Island, une prouesse d’ingénierie et d’esthétique pour son époque.

La vision de Kahn était claire : créer une demeure qui défierait le temps. Il insista pour une construction en acier et en béton, une innovation majeure pour une résidence privée à l’époque, garantissant une protection contre le feu. Cette résilience intrinsèque du bâtiment, pensée dès sa conception, est presque poétique, préfigurant sa propre capacité à renaître de ses cendres, à traverser les âges et à s’adapter aux changements.

Oheka, Muse du 7ème Art et Icône de la Pop Culture

L’une des facettes les plus fascinantes d’Oheka est sans doute son omniprésence dans la culture populaire. Ce château n’est pas seulement un vestige historique ; c’est un personnage à part entière, dont l’esthétique a inspiré écrivains et réalisateurs, et dont la présence à l’écran a gravé son image dans l’inconscient collectif.

Son lien le plus célèbre est sans conteste avec Gatsby le Magnifique. On dit que le domaine extravagant de Jay Gatsby, dans le roman de F. Scott Fitzgerald, a été directement inspiré par Oheka. Le mystère, l’opulence, les fêtes démesurées, le rêve américain teinté de mélancolie… tout cela prend corps entre les lignes de Fitzgerald et, plus tard, dans les images des adaptations cinématographiques, notamment celle de Baz Luhrmann en 2013, où l’on ressent l’écho indéniable de l’architecture d’Oheka. Le château est devenu l’incarnation même de l’excès et de la quête éperdue d’un rêve illusoire décrit par Fitzgerald.

Mais l’influence d’Oheka va bien au-delà de Gatsby. Certains critiques ont même avancé que le château aurait inspiré une partie de l’esthétique de « Xanadu », le domaine de Charles Foster Kane dans le chef-d’œuvre d’Orson Welles, Citizen Kane (1941), souvent cité comme l’un des plus grands films de tous les temps. Cette filiation, qu’elle soit directe ou symbolique, ancre Oheka dans la lignée des lieux mythiques du cinéma, des décors qui ne sont pas de simples arrière-plans, mais des éléments narratifs à part entière.

Plus récemment, Oheka a été catapulté sur la scène mondiale grâce à la musique. Qui aurait pu prédire qu’un château construit en 1919 servirait d’écrin à un clip de Taylor Swift? Dans sa superbe vidéo pour le single « Blank Space », l’artiste aux boucles dorées a transformé Oheka en un terrain de jeu somptueux et chaotique.

Elle y incarne une version excentrique et « folle furieuse » d’elle-même, dénonçant ses relations passées avec un humour noir et une esthétique visuelle époustouflante. Les jardins à la française majestueux, les intérieurs opulents et les scènes dramatiques où Swift fustige la voiture de son ex avec un club de golf, tout est magnifié par la grandeur du lieu. Oheka ne sert pas seulement de décor ; il devient le complice de l’histoire, amplifiant le drame et le glamour, prouvant sa capacité à s’adapter aux récits contemporains les plus audacieux.

Taylor Swift à Oheka Castle, Long Island NY

L’empreinte d’Oheka est également visible sur le petit écran. Les amateurs de séries télévisées reconnaîtront ses paysages luxuriants et ses intérieurs grandioses dans des productions populaires. La série Royal Pains, qui met en scène un médecin au service des « riches et célèbres » des Hamptons, y a tourné de nombreuses scènes, prouvant que le château incarne parfaitement l’opulence de la côte Nord de Long Island.

Des fragments du domaine sont également apparus dans des films comme Les Autres et dans la série culte Gossip Girl, renforçant son image de lieu privilégié pour les élites et les intrigues les plus hautes en couleur. Chaque apparition à l’écran ajoute une nouvelle couche à la légende d’Oheka, le transformant en un véritable caméléon architectural, capable de s’adapter à toutes les époques et à tous les genres.

Le château d’Oheka, également connu sous le nom de domaine Otto Kahn, est situé sur la côte nord de Long Island, à Huntington, dans l’État de New York. C’était la maison de campagne du financier et philanthrope Otto Kahn. Lui et son épouse, Addie Wolff, ont construit le manoir en tant que résidence d’été, où ils ont organisé des fêtes somptueuses et diverti régulièrement la royauté, les chefs d’État et les stars hollywoodiennes. Il s’agit actuellement de la deuxième plus grande résidence privée aux États-Unis, composée de 127 chambres et de plus de 100 000 m².

Récemment, vous avez peut-être vu le château de Taylor Swift en vidéo clip pour son single Blank Space, une vidéo somptueuse dans laquelle Swift devient folle furieux.  Et fait  ce qu’elle fait de mieux: se plaindre de ses relations amoureuses ratées  passées et transformer le drame de la rupture en un remue-ménage médiatique fou , donnant à cette jolie boucles d’or plus d’argent que nécessaire.  

10 faits à connaitre sur ce domaine

1. Il a été largement représenté dans ce qui est considéré par beaucoup comme le meilleur film de tous les temps : Citizen Kane de Orson Wells en 1941.

2.Plus tôt cette année, le propriétaire de Oheka Castle, Gary Melius, spécialiste du développement à Long Island, avait failli être assassiné alors qu’il montait dans sa voiture sur la propriété. Un homme armé masqué lui a tiré dans la tête (la balle l’a frôlé).

3.L’émission de télévision  Royal Pains, qui traite d’un médecin qui fait des visites à  domicile pour les  » riches et célèbres « dans les Hamptons, est filmée ici. On reconnait également une partie du domaine dans les films «  Les Autres » et le show télé «  Gossip Girl »

4. . Le domaine de 443 acres comprend également un parcours de golf de 18 trous, un village sous serre nulle part égalé à travers tous les États-Unis, des vergers, des écuries et une piste d’atterrissage

5.  Ces jardins à la française que Swift regarde dans la vidéo? Ceux-ci sont des membres de la légendaire ligne d’aménagement paysager d’Olmsteds. Kahn a fait appel aux frères Olmsted pour créer un jardin à la française, avec de hautes haies, des « terrasses d’eau » et des gravures ornementales « en parterres »

6. On pense que Kahn est l’inspiration du « gars du Monopoly ».

7. Quand il a été construit il y a 100 ans, le manoir était l’une des premières résidences à l’épreuve du feu jamais construites. Kahn a insisté pour que le bâtiment soit en acier et en béton; Cedar Court, l’ancienne maison de campagne de sa famille, était partie en flammes neuf ans auparavant

8.On dit que le château d’Oheka a été une source d’inspiration pour le domaine de Gatsby Le Magnifique du réalisateur Baz Luhrman

9.Si vous êtes suffisamment riches, vous pouvez vous marier au sein du domaine. En 2009 il a été élu par le réseau We comme l’endroit  No. 1 pour le mariage le « plus inoubliable » au monde 

10. Le château d’Oheka reste la deuxième plus grande résidence privée jamais construite aux États-Unis (Biltmore, en Caroline du Nord, tient la dragée haute), avec 127 chambres et plus de 109 000 pieds carrés. Oui, c’est encore plus que le faux Versailles catastrophique qui se trouve en Floride.

Oheka au-delà des Mots : Une Invitation à l’Expérience

Au-delà de son histoire, de son architecture et de ses liens avec la pop culture, Oheka Castle exerce une attraction presque magnétique. C’est un lieu qui défie le temps, qui raconte des histoires de rêve et de démesure, mais aussi de persévérance et de renaissance. S’y promener, c’est sentir le poids de l’histoire sous ses pieds, imaginer les pas des banquiers et des stars, les murmures des secrets et les éclats de rire des fêtes passées. Chaque corridor, chaque salon, chaque recoin des jardins semble imprégné d’une aura particulière, d’une énergie qui vous transporte hors du quotidien.

L’expérience d’Oheka n’est pas seulement visuelle ; elle est immersive. Que vous y séjourniez pour une nuit dans l’une des chambres d’hôtel luxueusement aménagées, que vous assistiez à un événement grandiose, ou que vous vous imaginiez y célébrer le plus beau jour de votre vie, Oheka promet bien plus qu’une simple visite. Il offre une invitation à vivre, ne serait-ce que pour un instant, la grandeur d’une époque révolue, à se glisser dans la peau d’un personnage de roman, d’un invité d’honneur à une fête mythique. C’est un lieu où l’imagination s’envole, où l’ordinaire cède la place à l’extraordinaire.

L’attention méticuleuse portée à la restauration, la préservation des détails d’origine et l’intégration harmonieuse des commodités modernes témoignent d’un respect profond pour le passé, tout en embrassant l’avenir. Oheka n’est pas un musée figé ; c’est un organisme vivant, qui continue d’écrire son histoire, jour après jour, avec chaque nouvel invité, chaque nouvelle célébration. Il est la preuve que les rêves les plus audacieux, même ceux forgés il y a plus d’un siècle, peuvent non seulement survivre, mais prospérer, en s’adaptant et en inspirant sans cesse.

Conclusion-Pensées d’Angénic

Oheka Castle n’est pas qu’un château ; c’est une philosophie, un manifeste architectural de ce que l’ambition, le goût et l’ingéniosité peuvent accomplir. En tant que passionnée d’architecture et de l’art de vivre, je suis profondément touchée par la capacité de ce lieu à transcender son rôle de simple bâtiment pour devenir un conte, une légende vivante. En foulant ses pelouses impeccables, en admirant les détails sculptés de ses façades, ou en me perdant dans le dédale de ses jardins, je ressens une connexion palpable avec l’esprit d’Otto Kahn, avec cette époque où le luxe était une forme d’art et où la vie elle-même était une pièce de théâtre grandeur nature.

Oheka est un miroir, reflétant les aspirations profondes de l’Amérique – la quête de la grandeur, le désir de laisser une empreinte indélébile, la fascination pour le rêve et la capacité de le reconstruire, même après les épreuves. Les histoires qu’il a inspirées, de Gatsby à Taylor Swift, ne sont pas de simples anecdotes ; elles sont des preuves de sa vitalité intemporelle, de sa capacité à parler à chaque génération.

C’est un lieu qui m’incite à rêver plus grand, à apprécier la beauté sous toutes ses formes, et surtout, à croire en la puissance de la vision humaine. Si vous avez un jour l’opportunité de vous aventurer sur la Côte d’Or de Long Island, je vous exhorte à pousser les portes d’Oheka Castle. Laissez-vous envelopper par son histoire, sa grandeur, et cette magie indicible qui fait de lui bien plus qu’un simple édifice, mais un véritable voyage à travers le temps et l’imagination. C’est plus qu’une visite ; c’est une rencontre avec l’extraordinaire, une expérience qui, j’en suis certaine, vous marquera à jamais.

Sources et liens :

• Site officiel d’Oheka Castle: https://www.oheka.com/
  • C’est la source principale pour toutes les informations concernant les événements, les séjours à l’hôtel, l’histoire et la galerie de photos.
• National Register of Historic Places (National Park Service):
  • Des informations détaillées sur l’histoire architecturale et la signification d’Oheka sont disponibles dans les archives gouvernementales et les rapports d’enregistrement.
• The Great Gatsby (F. Scott Fitzgerald):
  • Pour la connexion littéraire, bien que l’inspiration soit plus une rumeur persistante qu’un fait documenté par Fitzgerald lui-même, elle est largement acceptée dans les cercles littéraires et historiques.
• Taylor Swift – Blank Space (Official Music Video): https://www.youtube.com/watch?v=e-ORhEE9LsY
  • La vidéo est un témoignage visuel de l’utilisation d’Oheka.
• Citizen Kane (Orson Welles):
  • Les comparaisons avec Xanadu sont des analyses critiques et des observations de fans, pas nécessairement une déclaration directe des créateurs.
• Articles de presse et magazines d’architecture/lifestyle:
  • Des publications comme Architectural Digest, The New York Times, Newsday ont souvent couvert l’histoire et la restauration d’Oheka Castle.

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